Le cauchemar de la dette étudiante aux États-Unis
Le cauchemar de la dette étudiante aux États-Unis : une dette de 26 000 $ par étudiant, 1 000 milliards de $ de dette cumulée
Article AC pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ et http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
L'endettement d'un pays se mesure non pas au poids de sa dette publique mais bien à celui de sa dette globale, publique et privée. Avec une dette totale de 50 000 milliards de $, soit trois fois et demi le PIB du pays, les États-Unis restent un des pays les plus endettés du monde.
A la base de cette édifice, une dette des ménages américains colossale, équivalant à 115% du PIB. Chaque ménage américain doit en moyenne rembourser une dette de 100 000 $ par an.
Si la dette des ménages diminue légèrement depuis la crise, une seule partie de celle-ci ne cesse d'augmenter : la dette étudiante.
Selon une enquête du Pew Research center, le montant total de la dette étudiante s'élève désormais à plus de 1 000 milliard de $, soit ce qui correspondrait au PIB... du Mexique.
Un ménage américain sur cinq (20%) doit rembourser une dette étudiante (contre 9% en 1990), c'est 40% des foyers de moins de 35 ans.
Le montant moyen de la dette étudiante se chiffre à 26 000 $ (9 000 $ il y a vingt ans). 10% de ces dettes sont supérieures à 60 000 $.
Le rapport confirme également des inégalités sociales criantes face à la dette étudiante.
Si les plus riches sont plus enclins à contracter des prêts (par l'accès de plus en plus barré pour les plus pauvres à l'université), le poids de la dette rapporté aux revenus et au patrimoine est bien moindre.
Pour les ménages aux revenus inférieurs à 20 000 $ par an (20% les plus pauvres), la dette impayée correspond à 25% de leur revenu annuel. Elle ne représente que 2% du revenu annuel des ménages aux revenus supérieurs à 150 000 $ par an (les 10% les plus riches).
Un système universitaire privatisé
Le fonctionnement du système universitaire américain constitue une mise en garde pour tous les promoteurs de l'autonomie puis de la privatisation des universités.
Le système américain est construit historiquement sur une base d'universités publiques d’État, de niveau inégal mais minimal garanti et quasi-gratuites, et sur une tête d'universités privés élitistes, de niveau mondial et aux frais exorbitants.
Depuis une vingtaine d'années, c'est la course à la hausse des frais de scolarité.
Les universités publiques, au niveau des États, demandent désormais un minimum de 6 000 $ par an, la moyenne étant supérieure à 10 000 $. Les plus prestigieuses, les seules à livrer une formation réellement valorisable sur le marché du travail, exigent des frais supérieurs à 15 000 $ par an, on peut penser à Berkeley en Californie.
Quant aux universités privées d'élite, la moyenne des frais de scolarité est de 26 000 $ par an. Mais il faut compter en moyenne 40 000 $ pour étudier à Stanford, 45 000 $ à Yale et 50 000 $ par an à Harvard.
Nouveaux venus sur le « marché universitaire » américain, les facultés privées à but lucratif connaissent un boom depuis une quinzaine d'années : un nombre d'étudiants multiplié par trois en dix ans, deux millions d'étudiants à ce jour soit 10% des étudiants américains.
De piètre qualité mais peu exigeantes sur la sélection, elles constituent une opportunité en trompe-l’œil pour des ménages modestes, souvent originaires des minorités ethniques (la moitié des étudiants des facs privés), abusés par les promesses d'emploi illusoires de ces facs peu cotées.
Ces facultés privées sont les plus chères de toutes, avec des frais de scolarité supérieurs en moyenne à 30 000 $ par an.
Pourtant, ce sont ces universités qui dépenses le moins par étudiant : 2 000 $ par an par étudiant, contre 10 000 $ dans les universités publiques, selon le National Center for Education Statistics.
Des « facs privées » dont par ailleurs la moitié du budget est pourtant financé par l’État, via des subventions à l'éducation privée. 25% des aides fédérales à l'université sont dirigées vers ces universités privées à but lucratif.
Baisse générale du niveau de l'éducation, université à deux vitesses, privatisation de l'enseignement supérieur, le tout alimenté par une hausse des frais de scolarité et des subventions aux établissements privés. Explosion de la dette étudiante plaçant des centaines de milliers d'ex, actuels et futurs étudiants dans une situation de précarité existentielle dramatique.
Le « cauchemar américain » nous incite à lutter en France contre ce discours dominant sur l'autonomie-privatisation des universités, elle n'est dans l'intérêt ni des étudiants ni des contribuables, mais seulement dans celui des grands groupes économiques qui font du profit sur l'éducation !