Retraites Visite à la CFDT : moi syndiqué CGT je ne désapprouve pas
De Charles Hoareau.
Il y a quelques temps déjà j’avais été amené à témoigner dans un procès que la CFDT (déjà) faisait à des membres de la compagnie Jolie Môme qui, avec d’autres intermittents, lui avaient rendu visite en chantant.
Je me rappelle du motif cocasse de la plainte : violation de domicile !!
La CFDT avait été déboutée et cet épisode avait été l’occasion pour la compagnie de créer une excellente pièce sur la criminalisation de l’action militante au cours du temps de Lilith à aujourd’hui en passant par Spartacus et autres.
L’action des intermittents était motivée par le fait que cette centrale qui représentait à peine quelques pour cent dans le milieu du spectacle, avait signé un accord qui entérinait une régression sociale terrible pour la profession toute entière.
Je me rappelle aussi quand l’UNEDIC, présidée alors par Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, avait supprimé le fonds social, seule caisse d’aide pour les chômeurs, ce qui avait entrainé l’occupation et la fermeture de toutes les ASSEDIC de France.
Une petite partie des chômeurs a bien gagné une (petite) prime de Noël versé par l’état, mais l’UNEDIC a maintenu sa suppression du fonds d’aide : pas étonnant dans ces conditions qu’on ait vu à l’époque fleurir sur des ponts des slogans hostiles à la CFDT et que ses locaux aient par endroits été recouverts de peinture ou envahis.
Je me rappelle enfin (car je ne vais pas tout énumérer, un article n’y suffirait pas tant les trahisons sont nombreuses) quand un million de chômeurs « recalculés » ont gagné la récupération de leurs droits et que la seule inquiétude de la CFDT, opposée bien sûr à leur action, était pour l’équilibre financier du régime.
Il ne faut pas avoir été dans la misère, ne pas avoir fait un jour de grève, même tout simplement ne pas être victime de ce système, pour ne pas comprendre la colère de celles et ceux qui ont rendu visite à la CFDT.
Il ne s’agit pas tellement d’une question de débat « démocratique » mais de manœuvre honteuse d’une organisation qui n’a de syndicale que le nom et qui, devant le désaccord majoritaire du peuple de France, essaie d’appuyer ce gouvernement des super riches en utilisant des subterfuges comme l’âge pipeau.
Cette organisation est vraiment mal placée pour s’offusquer d’une visite bon enfant dans ses locaux alors que se multiplient dans les entreprises des exemples de comportements CFDT, chiens de garde du patronat comme récemment à PRIMARK Marseille qui visent à faire perdre leur emploi à des salariés qui s’opposent à leur direction.
Que cette centrale, aujourd’hui digne successeur des antiques CFT ou CSL, officines patronales qui dans le temps faisaient régner la terreur dans les entreprises, ait reçu le soutien du MEDEF et du gouvernement prouve qu’elle a les soutiens qu’elle mérite.
Pour ma part je ne hurlerai pas avec les loups ni ne me pose la question de savoir s’il faut « cautionner » ou non.
La colère ne se décrète pas, elle s’exprime quand des comportements inadmissibles la font naître.
Ayant participé à nombre d’envahissements d’institutions de toutes sortes et aidé comme je le pouvais à des occupations d’usines multiples, toutes actions illégales et revendiquées, je ne peux que constater que la réaction de la direction de la CFDT est digne d’un patron de combat.
Comme le disent les comités chômeurs CGT : « quand la légalité est illégitime, il est légitime d’être dans l’illégalité ».
Charles Hoareau