Mouvement social et ouverture à la concurrence ?
Par Marc Jammet, conseiller municipal de Mantes-la-Jolie
38° congrès du PCF.
Pourquoi je suis signataire du texte numéro 3 "Reconstruisons le Parti de classe !"
Le mouvement des cheminots contre la réforme SNCF a été, sans conteste, le premier mouvement de cette ampleur (3 mois de grèves !) depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
Et il a été l'objet, il est toujours l'objet d'un intense affrontement de classes auquel ont participé le gouvernement, le patronat et les médias, les autres forces politiques dites "libérales".
C'est tout simplement que cette réforme est pratiquement essentielle pour eux: ouvrir un nouveau secteur important au profit capitaliste.
LA SNCF EST UN SYMBOLE POUR EUX.
Et pas n'importe quel secteur !
Celui d'une SNCF, entreprise nationale au service des citoyens, auréolée d'un combat sans merci des cheminots contre l'occupation nazie.
Une SNCF, service public, synonyme aussi de droits, d'acquis sociaux, de sécurité d'emploi.
Et c'est bien ce symbole que patronat et gouvernement Macron ont décidé d'attaquer frontalement.
Un affrontement préparé de longue date par TOUS LES GOUVERNEMENTS PRECEDENTS, de réforme en réforme, mais qui avaient dû "se retenir" (voire reculer en rase campagne comme Juppé en 1995) devant la puissance des mouvements qu'ils suscitaient.
MACRON VEUT "FINIR LE TRVAIL"
Macron veut finir le travail.
Et il ne s'encombre pas trop de scrupules. "Soyons francs" dit-il " c'est l'ouverture à la concurrence prévue par les traités européens signés par la France depuis des années".
Il n'a pas tort ! C'est exactement ça !
Et il parvient d'autant plus à ses fins que les groupes dirigeants du PCF lui ont laissé le terrain libre … en décidant de contre-attaquer "ailleurs".
POURQUOI LA DIRECTION DU PCF A-T-ELLE
CONTRE-ATTAQUE "AILLEURS" ?
Contre-attaquer "ailleurs", c'est par exemple, affirmer que "non, l'Europe peut laisser exister une entreprise nationale", voire faire la proposition d'une imbécilité politique rare: "obtenir que la BCE crée de la monnaie pour financer les services publics français".
Bah tiens ! Une BCE "indépendante des gouvernements" (et donc directement issue des milieux financiers privés) qui, après une pétition en France, se mettrait à financer des services publics qu'elle n'a jamais cessé de vouloir détruire ?
Une pétition qui se propose de "faire bouger" les dirigeants de 35 pays européens, ultra-majoritairement issus de la droite et de l'extrême-droite ?
C'était tellement illusoire que cette pétition au niveau national a peiné à rassembler quelques milliers de signatures et n'a servi à rien (?).
A rien ?
FAIRE SEMBLANT ?
Et bien on est en droit de s'interroger justement si cette pétition n'a pas servi "à faire semblant".
A éviter les sujets qui fâchent dans le "fourre-tout" du Parti de la Gauche Européenne et, au final, à éviter que le PCF ne soutienne vraiment - au sens politique comme c'est notre rôle - un mouvement social qui risquait de devenir dérangeant.
Ne faut-il pas d'ailleurs remarquer la frilosité des mêmes groupes dirigeants concernant un autre mouvement: celui de l'énergie ?
Ce n'était pourtant pas rien.
ET LA CONVERGENCE DES LUTTES, CAMARADES ?
400 sites occupés en France, des millions d'abonnés "passés en tarif nuit" 24 heures sur 24, des coupures d'électricité et de gaz ciblées contre les entreprises les plus réactionnaires (Carrefour-Market pendant la grève des salariés) ou symboliques (Le gaz coupé à l'Elysée).
C'est un mouvement qui aurait dû plaire au PCF, une solidarité de classe comme on les aime !
La possibilité de commencer à construire une véritable convergence des luttes.
Et avec des arguments de poids !
Depuis l'ouverture à la concurrence, le prix de l'électricité a augmenté de 30%, celui du gaz de 70% !
Comme pour la SNCF, on nous avait dit à l'époque: "nous vous inquiétez pas, on va créer de nouvelles entreprises (Enedis, GRDF) mais elles resteront propriétés nationales".
Propriétés nationales certes … sauf que ce nouveau statut leur a permis de "déléguer au privé " des missions dans le cadre de nouveaux contrats (La pose des compteurs Linky par exemple, qui permettent de couper l'électricité aux pauvres sans avoir à se déplacer - elle est pas belle la vie?).
Et au bout du compte, des entreprises qui risquent de devenir des coquilles vides qui, après des milliers de suppressions d'emplois, concèderont au privé leurs missions de service public.
Pour la SNCF, opposer politiquement ce qui s'est déjà fait dans l'énergie et les conséquences désastreuses que l'on connait déjà aujourd'hui dans l'énergie, ça aurait été efficace non?
Et le PCF aurait alors retrouvé son utilité politique (aider à comprendre ce qui se joue derrière les réformes, travailler politiquement au changement de société …).
MAIS NON.
Pourquoi ?
"PAS TOUCHE A L'EUROPE !"
On continue d'ahaner "Europe sociale, Europe sociale !" comme seule réponse aux mauvais coups mais aussi à l'expérience vécue par les salariés.
Au fond, "redevenir pleinement communiste et comment " n'est-ce pas ce qui devrait faire l'objet de nos débats plutôt que ces groupes dirigeants d'hier qui se déchirent aujourd'hui en plusieurs listes au sens confus … au nom de "la lutte des places" ?