Victoire capitale pour la révolution bolivarienne
Victoire capitale pour la révolution bolivarienne et renforcement significatif des communistes qui apportent un demi-million de voix (3,5%) au président Hugo Chavez
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
« La victoire de Chavez est également la victoire de tous les peuples d'Amérique latine ».
Ce commentaire du président bolivien Evo Morales souligne l'enjeu du scrutin présidentiel vénézuelien du 7 octobre, dépassant le sort même de la seule République bolivarienne du Vénézuela.
Avec 54,8% des voix, soit 7,8 millions de suffrages exprimés, Hugo Chavez devance assez nettement le candidat unitaire de l'opposition, Henrique Capriles Radonski qui obtient 44,55% des voix, soit 6,3 millions de votes.
Jamais élection n'a été aussi polarisée, réduite à deux blocs antagonistes. Chacun des partis se positionnant dans les coalitions formées par les deux principaux candidats. Le « Pôle patriotique » autour d'Hugo Chavezface à la Coalition pour l'unité démocratique (Mesa de la unidad democratica/MUD)
La défaite d'une coalition contre-révolutionnaire et libérale, rassemblant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite
Comme lors des législatives 2010, l'opposition est parvenue à rassembler sous la bannière du MUD une coalition hétérogène mais unie dans un même objectif contre-révolutionnaire, et une volonté commune de faire tomber Chavez.
Une coalition d'une vingtaine de partis, allant de forces gauchistes anti-communistes (LCR-La causa radical, Bandera roja) jusqu'à la droite dure (La Justice d'abord).
Néanmoins, le centre de gravité de cette coalition se retrouve, paradoxe apparent, au centre-gauche avec des partis sociaux-démocrates, parfois anciens alliés de Chavez, présents en masse parmi les forces dirigeantes de la coalition (Action démocratique/Un nuevo tiempo/Mouvement vers le socialisme).
Derrière cette façade de centre-gauche, que le candidat Capriles a tenté de cultiver pendant la campagne, un programme de droite libérale classique (le « paquetazo ») porté par celui qui est l’héritier d'une des plus grandes fortunes du pays :
libéralisations et privatisations dans les secteurs-clés de l'économie, en premier lieu le pétrole ; décentralisation des services publics pour mieux les privatiser ; remise en cause des programmes sociaux gouvernementaux de lutte contre la pauvreté et la faim.
Si la droite a encore une fois été vaincue, l'écart se resserre. La preuve d'une résistance de plus en plus organisée de la bourgeoisie vénézuelienne, aidée par le parrain nord-américain, et de sa puissance sociale toujours intacte.
Les communistes en progression constante
Les électeurs avaient également, sur leur bulletin électoral, la possibilité de choisir non seulement leur candidat mais aussi leur « parti de préférence », engagé dans l'un des deux camps en présence.
Parmi les partis du camp révolutionnaire, si le PSUV reste très largement en tête avec 42,80%, la bonne surprise est venue du Parti communiste du Vénézuela (PCV) qui s'installe comme deuxième force de gauche, avec 3,5% des voix et près de 500 000 votes apportés au président Chavez.
En 2000, le PCV ne récoltait que 0,8% des voix. En 2006, il connaissait une progression importante avec 2,9% des voix et 340 000 voix, alors que la coalition chaviste avait obtenu, dans son ensemble, 9 points de plus qu'en 2012.
La carte électorale du Parti est relativement homogène, les meilleurs scores se trouvant dans les régions du Nord-ouest du pays : les États de Yaracuy (6,1%), Trujillo (6,2%) et Portuguesa (6,3%).
Une victoire pour la révolution bolivarienne et ses succès...
La progression du Parti communiste est autant la reconnaissance du travail réalisé sur le terrain par les 40 000 militants du Parti que celle de la justesse de la ligne proposée par le Parti.
Depuis quatorze ans, le PCV s'est affirmé comme le soutien le plus résolu de la révolution bolivarienne menée par Hugo Chavez. En 2010, au plus fort des défections des partis sociaux-démocrates, le président Chavez avait affirmé que le PCV était « le seul allié qui nous reste ».
Le Parti communiste apporte son soutien à toutes les mesures dans les intérêts des travailleurs : missions sociales, augmentations du salaire minimum, nationalisations.
Les communistes se réjouissent de la baisse drastique de la pauvreté depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez, de 49,4% de la population en 1999 à 27,6% en 2008 ainsi que de la réduction massive des inégalités dans la même période.
… qui ne fait pas taire les critiques constructives des communistes envers un processus révolutionnaire inachevé
Néanmoins, les communistes ne peuvent se satisfaire de ces progrès accomplis depuis treize ans. Le Vénézuela reste un pays capitaliste, où les principaux leviers de l'économie restent entre les mains du privé (65% de l'économie est entre les mains du privé en 2010, le même chiffre qu'en 1999).
Le PCV met en garde depuis plusieurs années contre cette puissance économique et sociale du capital privé domestique. La progression de la droite contre-révolutionnaire ne s'appuie pas que sur le soutien international de Washington mais aussi sur cette bourgeoisie encore puissante.
Le Parti communiste ne cache pas ses critiques constructives.
Tout d'abord la nécessité de mettre en place une véritable direction collective révolutionnaire, pour dépasser un leadership personnel, ou encore les tentatives de constituer un parti unique de la gauche.
Ensuite, la nécessité d'approfondir la révolution bolivarienne, et de passer d'une révolution démocratique-nationale à la phase de transition vers le socialisme. Un programme qui passe pour le PCV par la nationalisation des grands moyens de production, gérés par les travailleurs eux-mêmes, par l'instauration d'un système national de Sécurité sociale, et enfin par une politique nationale d'industrialisation.
Les communistes se sont toutefois réjouit des pas réalisés par le président dans ce sens, notamment avec la formation du « Pôle patriotique » en 2010, embryon d'une direction collective.
Toutefois, la route est encore plus longue sur la voie du socialisme, affirmé dans les discours et les textes officiels du président mais qui peine encore à se matérialiser dans la transformation radicale de l'économie et de la société vénézuelienne.
Dans ce parcours vers le socialisme, plus que jamais, les communistes vénézueliens restent le meilleur allié du président Chavez et de la force dirigeante de la révolution, mais ce sans mettre leur drapeau dans leur poche et sans taire leurs critiques sur un processus révolutionnaire encore inachevé.