TVA sociale. Qui seront les "dindons de la farce"?
Nicolas Sarkozy vient de l'annoncer. Avec 1,6% de plus pour la TVA, La TVA sociale sera instaurée avant la prochaine élection présidentielle. Prétexte avancé: le financement de la sécurité sociale.
Qui va y perdre?
Ce sont d'abord les consommateurs.
Car, si les entreprises ne répercutent pas forcément et intégralement tout de suite les réductions de la TVA (comme pour la restauration), elles le font immédiatement quand la TVA augmente.
Une augmentation de la TVA c'est donc tout de suite une baisse nette de pouvoir d'achat pour tous les pensionnés (retraités, RSA ..).
Et les salariés ne seront pas beaucoup mieux lotis. A titre d'exemple, le syndicat patronal "MEDEF" (maître à penser du gouvernement) envisage sérieusement une hausse de 3 à 5% du taux de la TVA en échange d'une baisse des cotisations patronales de 3,5 à 7,5%, les salariés - eux - n'obtenant qu'une réduction de 1,5 à 4% de leurs cotisations sociales.
Aujourd'hui, déjà en France, la TVA payée représente 10% des revenus des Français mais seulement 5% des revenus des plus riches.
Une telle mesure ne fera qu'aggraver encore les inégalités.
Qui va y perdre une deuxième fois?
Ce sera à nouveau les mêmes mais, cette fois-ci, au niveau de notre protection sociale.
Progressivement, en lieu et place des cotisations patronales, ce seront les consommateurs (nous tous!) qui, au fur et à mesure de leurs achats, vont payer leur propre protection sociale.
Avec des prix qui vont augmenter, des salaires qui vont stagner, des pensions qui vont baisser, qui peut prétendre sérieusement que cette mesure n'aggravera pas encore le déficit de la sécurité sociale?
Avec, à la clef, de nouveaux déremboursements?
Avec, à la clef toujours, des assurances privées bien décidées à s'emparer d'un "marché" qu'elles jugent extrêmement juteux (en France, les assurances privées "couvrent" déjà 12,5% des dépenses de santé et le PDG d'une des plus importantes d'entre elles, "Malakof Médéric", est …. Guillaume Sarkozy, le frère aîné du Président de La République).
Si nous y perdons pratiquement tous, qui va y gagner?
A l'évidence, les plus riches, les marchés financiers qui vont , eux, gagner sur tous les tableaux.
Les entreprises, en effet, "récupèrent" la TVA qu'elles ont payée à l'origine.
Que la TVA augmente, c'est une "opération blanche" pour elles. Qu'elle s'accompagne d'une baisse des cotisations patronales, cela devient "tout bénéf".
Mieux. Pour les entreprises qui travaillent pour l'exportation, elles cotiseront donc moins à la protection sociale de leurs salariés tout en devenant davantage compétitive puisque la TVA est payée dans le pays où elles exportent …. jusqu'à ce que ce pays augmente, à son tour, sa propre TVA!
C'est donc bien un cercle vicieux dans lequel les salariés se perdraient très vite.
Des mesures européennes, des mesures foncièrement injustes.
Car Sarkozy n'a pas "inventé" cette mesure.
C'est notamment le cas de l'Allemagne. Le pays qui, soi-disant "réussit le mieux", a augmenté le 1° janvier 2007 sa TVA de 16 à 19%, coupé dans ses dépenses sociales (300 euros d'indemnités mensuelles chômage), le salaire minimum garanti n'existe pas et des centaines de milliers de salariés allemands perçoivent … 8 euros de l'heure.
Le Danemark, entre 1987 et 1989, a supprimé les cotisations sociales pour l'assurance chômage et l'invalidité et relevé la TVA à 25%.
Le taux de TVA pour la Belgique est de 21%, de 23% en Grèce, en Pologne et au Portugal, de 24% en Roumanie, de 25% en Hongrie et en Suède!
Une nécessité: rompre avec le système capitaliste et la construction européenne qui le soutient…
Loin de "protéger" l'Europe face aux USA, les différents traités - Maastricht, Lisbonne - y assujétissent un peu plus les pays qui la composent.
Partout on a cassé l'agriculture et l'indépendance alimentaire.
Partout on a baissé les salaires et le chômage a explosé.
Partout on brise la protection sociale et on retarde l'âge du départ à la retraite.
Partout on culpabilise les salariés … en oubliant ceux que ces mesures enrichissent. Savez-vous, par exemple, que les armateurs grecs - dans le pays le plus frappé par "la crise" - ne paient toujours pas un euro d'impôts?
… et sortir de l'euro.
Car s'il existe un consensus politicien, c'est bien celui-ci.
De Nicolas Sarkozy à François Hollande en passant par François Bayrou ou Jean-Luc Mélenchon (qui propose "un visa" pour les marchandises importées, interdit par la conception même de la monnaie unique), tous ont un point d'accord: pas de sortie de l'euro, considérée comme "une catastrophe" sans que jamais aucune explication ne soit donnée.
N'est-ce pas pour cela d'ailleurs que Nicolas Sarkozy avance à marche forcée vers cette TVA sociale parce que les puissances de la finance qui l'ont soutenu savent pertinemment que cette mesure ne sera ensuite pas remise en cause? Et cela, même si un autre Président de La République est élu en mai prochain?
Aux antipodes de la position du Front national (qui sait occuper les terrains désertés par la gauche pour mieux en masquer les véritables enjeux, le tout au profit des milliardaires), il y a besoin dans notre pays d'une force politique qui ait le courage de rompre véritablement avec le capital et l'argent-roi.
Avec le retour à une monnaie nationale mais aussi:
- la nationalisation du secteur bancaire et du crédit,
- la nationalisation des grands groupes de production.
Une telle démarche permettrait notamment d'agir efficacement pour augmenter les salaires, assurer une meilleure protection sociale et donc de créer des centaines de milliers d'empois en s'affranchissant des marchés financiers.
Une telle démarche permettrait aussi de rapprocher les citoyens du pouvoir politique et des décisions. Avec L'Europe, "ce n'est jamais de la faute des gouvernements" qui, pourtant, décident ensemble de sa politique sans jamais vouloir en assumer les responsabilités devant leurs propres peuples.
Une telle démarche enfin permettrait, dans le 5° pays le plus riche du monde, de changer "la donne". Non pas de s'isoler mais de se donner les moyens de coopérer avec d'autres pays sur une base mutuellement avantageuse.
La section de Mantes la Jolie du PCF.