Dans le silence médiatique occidental, la répression par la monarchie réactionnaire Koweïtienne des « plus grandes manifestations de l'histoire du pays »
Alors que la guerre civile Syrienne, alimentée par les ingérences étrangères, occupe le devant de la scène médiatique, le silence est quasi-total sur les mouvements de protestation populaire qui secouent les dictatures du Golfe : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis et désormais Koweït.
Le 21 octobre dernier, ce sont ne centaine de milliers de manifestants – 200 000 selon les organisateurs – qui sont venus exprimer leur lassitude des méthodes anti-démocratiques du régime koweïtien. La plus grande manifestation de l'histoire du petit émirat pétrolier.
Le régime a répondu par la violence. Une trentaine de blessés, victimes des gaz lacrymogènes et des coups de matraques, pour une centaine d'interpellations.
Pourquoi de telles manifestations dans un pays hâtivement présenté comme la seule « démocratie » du Golfe ?
En réalité, le Koweït reste une monarchie autoritaire dirigé par une dynastie, les Al-Sabah, régnant sur le pays depuis 250 ans. L'émir dispose du pouvoir exécutif et garde le droit de dissoudre, et même de suspendre le Parlement.
Ce fut le cas dix ans entre 1976 et 1991, au moment où l'Irak de Saddam Hussein envahit un État où toute apparence de légalité parlementaire avait été suspendue depuis plus de six ans.
Jusqu'en 2005, seuls 10% de la population avait la possibilité de voter. Outre les étrangers représentant la moitié de la population résidente ainsi que les Bédouins, les femmes n'avaient pas encore acquis le droit de vote.
Dans ce richissime émirat pétrolier, les travailleurs – immigrés pour 80% d'entre eux – disposent de droits réduits au minimum : interdiction de la grève dans le secteur public, interdiction d'organiser un syndicat dans le secteur privé tandis que les immigrés sont soumis au principe du parrainage (kafala), qui les place entièrement à la merci légale de leur « parrain » local.
Les manifestations qui touchent le pays depuis le début du mois d'octobre ne concernent pas directement ces populations immigrés, qui ont connu des poussées de révolte en 2008.
Elles mobilisent surtout les couches moyennes ainsi qu'une partie importante de la jeunesse du pays, se ralliant derrière les fractions islamistes et libérales de l'élite du pays, sur des revendications de réformes démocratiques.
Les élections de février 2012 avaient vu la victoire de l'opposition, avec 34 sièges sur 50 – dont 23 pour les islamistes. Une élection annulée en octobre par l'émir, qui a aussitôt dissous le Parlement. La quatrième fois en six ans.
L'émir a convoqué de nouvelles élections anticipées en décembre prochain selon une nouvelle loi électorale qui devrait minorer le poids de l'opposition parlementaire.
Après la manifestation du 21 octobre, les mouvements de protestation n'ont pas faibli. Ils étaient encore plusieurs milliers ce dimanche 4 novembre, alors que la monarchie avait menacé d'envoyer l'armée pour mater le mouvement.
Les forces spéciales et des véhicules armés ont bloqué ce dimanche les voies conduisant au point de rassemblement pendant que les forces de l'ordre tiraient sur les manifestants à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
Du côté des puissances occidentales, la rhétorique des « droits de l'Homme » s'arrêtent là où commence celle des contrats d'armements juteux. Allié majeur de l'OTAN dans la région, hier contre l'Irak, aujourd'hui contre l'Iran, le Koweït multiplie les achats d'équipements militaires lourds.
En juillet 2012, il commandait 60 missiles Patriot sol-sol dirigés vers l'Iran. La France, tiendrait la corde pour vendre de 15 à 30 « Rafale » au Koweït, dans un paquet régional qui engloberait deux autres régimes autoritaires: le Qatar et les Émirats arabes unis. En 2009, Nicolas Sarkozy avait en 2009 réalisé une visite-éclair au Koweit comme VRP de luxe de Dassault.
Désormais, c'est au tour de François Hollande de multiplier les visites de courtoisie avec les monarques réactionnaires d'Arabie saoudite et du Bahreïn, ainsi qu'avec les représentants de l’État sioniste, pour préparer le démantèlement de la Syrie. Tout en taisant la moindre critique sur la répression féroce sévissant dans les pays du Golfe.
Le « changement ce n'est pas encore pour maintenant », dans les États obscurantistes du Golfe comme ailleurs.