Conférence nationale du PCF
Par Marc Jammet, délégué des Yvelines à la conférence nationale.
Vendredi 3, samedi 4 et dimanche 5 juin s'est tenue la conférence nationale du PCF à Montreuil.
Contrairement à ce qui a été annoncé, tous les délégués qui le souhaitaient n'ont pu prendre la parole. Certains sont intervenus deux fois sans être inscrits, longuement (André Chassaigne 23 minutes alors qu'Emmanuel Dang Tran a été interrompu par la présidente de la séance), d'autres inscrits dès l'annonce du dépôt des interventions n'ont pas eu la parole ( ils sont 90!).
Parmi eux, hormis les deux candidats déclarés sur cette orientation, toutes celles et tous ceux qui souhaitaient intervenir pour un candidat communiste (j'en ai compté au moins 4).
Dès lors, pendant 3 jours, se sont succédées des interventions pour Jean-Luc Mélenchon "plus rassembleur" ou André Chassaigne "encore plus rassembleur" pendant que, dans les couloirs, les tractations se poursuivaient. Au bout du bout: un candidat qui se maintient (André Chassaigne), un candidat qui se retire (André Gérin).
Entre deux débats, l'intervention de Marie-George Buffet sur les négociations avec le Parti de Gauche et la Gauche Unitaire sur les législatives. Une négociation de places: pour l'instant 22% des circonscriptions leur seraient données soit ... entre 148.000 et 150.000 voix communistes (ce n'est pas de moi mais de Marie-George). Pour sauver les apparences, le bureau de la conférence a décidé de ne pas évoquer ces 150.000 voix pour ne pas laisser penser que nous en serions propriétaires. Apparence seulement puisque ces 150.000 voix sont bien au coeur des tractations (elles ouvrent droit au financement des partis politiques).
Fait révélateur: alors que Pierre Laurent a été interpellé trois fois par des intervenants sur sa déclaration sur RTL (Il y aura un candidat, ce sera Jean-Luc Mélenchon) avant même que la conférence nationale ne s'ouvre, jamais en deux jours, ni lui, ni un membre de la direction nationale n'aura jugé utile de répondre ("cause toujours"?)
Le vote attendu de la conférence nationale vue sa composition (membres du Conseil national, parlementaires et délégués départementaux "filtrés") a donc bien eu lieu: 63% pour la résolution qui se prononce pour Mélenchon.
Il revient maintenant aux adhérents de se prononcer pour trois candidats portant deux projets: Jean-Luc Mélenchon (ex ministre socialiste) et André Chassaigne (député PCF du Puy de Dôme) pour le Front de Gauche, Emmanuel Dang Tran pour un candidat communiste.
La délégation des Yvelines. Elle aurait dû normalement être composée des 3 membres du Conseil national du PCF (Jean-François Bolzinger, Julien Iborra, Eric Roulot) et de 6 délégués élus par le Conseil départemental.
Ce dernier ne s'est pas réuni. En lieu et place de cette réunion, la direction départementale a proposé que les sections fassent connaître leurs propositions. Elles ont été 5 à le faire dont le bureau de section de Mantes la Jolie qui a proposé ma candidature.
Parmi les membres du Conseil national, seul Julien Iborra était présent. Parmi les délégués, seuls 4 ont été présents:Nicolas Bescond, Florence Bihet, Marc Jammet, Hélène Jouary.
Seul à le faire parmi la délégation des Yvelines, j'ai déposé ma demande d'intervention parmi les 5 premières. On ne m'a jamais donné la parole.
Ci-dessous, mon intervention.
"Deux questions courtes, un avis.
Première question. Pourquoi établissons-nous un lien entre la présidentielle et les législatives? A qui faisons-nous un cadeau politique? A ceux qui veulent sortir de la présidentialisation du pouvoir ou à ceux qui veulent - depuis le changement de "calendrier" instauré par Chirac-Jospin avec l'appel à voter blanc du PCF à l'époque - que la présidentielle soit l'axe autour duquel s'organisent ensuite les législatives? Autrement dit, à ceux qui veulent lier les deux élections?
Deuxième question. Quid de la participation éventuelle des communistes à un éventuel gouvernement de gauche? Les conditions sont-elles remplies pour cela avec le positionnement actuel du Parti socialiste? Pourquoi les communistes ne sont-ils pas saisis de cette question au moment où nous désignons notre candidat - en lien avec les législatives?
Mon opinion est que le Front de Gauche est une impasse politique et qu'en privilégiant "ce que la Gauche devrait faire" (c'est à dire le partage du pouvoir), nous oublions ce pourquoi nous avons adhéré: abolir (et l'abolition est un mouvement) le capitalisme, changer la société.
J'entends bien qu'ici ou là on nous répète beaucoup, ces derniers temps, qu'il faudrait "être raisonnable" - en clair, qu'il faudrait rester dans le domaine du possible. J'observe qu'il y a quelques années, cet argument ne provenait pas de nos rangs.
Mais si sortir de l'euro - forcément lié à une banque centrale européenne, si la nationalisation du secteur bancaire - interdite par l'Union européenne actuelle et ses règles acceptées par le Parti de la Gauche Européenne, la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités pour qu'elle puisse être concrétisée, sont déraisonnables, alors je suis déraisonnable.
Et quitte à être déraisonnable, je veux rester marxiste - ce qui ne veut pas dire sectaire -, je veux rester communiste - ce qui ne veut pas dire ne pas travailler avec les autres sur des sujets donnés.
Dans cet état d'esprit, il y a besoin d'un Parti communiste influent - avec un projet. Il y a besoin d'un candidat communiste - un candidat communiste qu'il ne faut pas confondre avec un candidat du Front de Gauche membre du PCF (sauf à reproduire l'expérience désastreuse en 2007 avec un candidat membre du PCF qui serine tout au long de la campagne qu'il n'est surtout pas candidat communiste).
Il y a besoin d'un candidat communiste parce que la crise de la politique et de la citoyenneté n'appelle pas que certaines forces politiques se mettent d'accord sur le dos des citoyens qu'elles sont censées représenter mais appelle un parti politique qui a le courage d'analyser la situation, d'agir pour aider à comprendre ce qui se cache derrière les apparences. Elle appelle un parti pas comme les autres.
Ne bradons pas ce patrimoine mais plaçons-nous résolument dans la perspective de la remontée de notre influence en commençant par la prochaine présidentielle.