Conclusions du 33ème congrès du PC Luxembourgeois: « Il faut nationaliser la sidérurgie pour un euro symbolique »
Rapport de conclusion du 33ème congrès du Parti communiste luxembourgeois (KPL) réalisé par Ali Ruckert président du KPL
Traduction réalisée par la section de Jarny du PCF 54 (aménagée par AC) pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
La 33e Congrès de la KPL est organisé dans une situation extrêmement difficile et complexe, à la fois politique et sociale, et l'une de nos tâches est de trouver des réponses à un certain nombre de défis et de prendre des décisions qui inspirent confiance et espoir aux travailleurs de ce pays.
La situation internationale est caractérisée par deux éléments fondamentaux. D'une part la crise toujours plus profonde, structurelle du capitalisme, liée à une offensive brutale du capital, dont l’objectif est de supprimer tous les acquis du mouvement ouvrier au 20ème Siècle, gagnés par la lutte.
D’autre part, la résistance des travailleurs et des travailleurs contre l’exploitation, la dégradation de leurs conditions et les reculs sociaux, une résistance déformée ou étouffée par les médias, mais dont les communistes parlent en détail dans leur presse, parce que ces luttes peuvent aider à renforcer notre propre lutte au Luxembourg.
Dans cette situation complexe, il y a à la fois de grands risques de recul social et civilisationniel, mais il y aussi de grandes potentialités de changements progressistes et révolutionnaires.
Les développements depuis notre Congrès précédent de mars 2009 ont confirmé notre analyse.
La crise cyclique du capitalisme, qui a commencé en 2007 va bon train, naturellement, aucune issue ne pointe à l'horizon. Bien au contraire. De vastes régions du monde capitaliste risquent de plonger dans une longue période de stagnation et de déclin économique.
La crise du capitalisme et ses tares congénitales
Cette crise est l’expression d’une crise structurelle plus profonde du capitalisme, très forte et potentiellement destructrice, reflet de la domination du capitalisme financier. La spéculation financière a pris de telles proportions que le risque d’une explosion est de plus en plus probable.
Contrairement à ce que croient certains, la crise n’est pas seulement une conséquence de la méchanceté et de la cupidité d'une poignée de capitalistes ou de trusts, ou due aux excès du marché, à la défaillance des mécanismes de régulation du système financier capitaliste, que l'on pourrait corriger.
Il s’agit d’une conséquence logique du fonctionnement du capitalisme lui-même, un défaut de naissance : la poursuite du profit maximal, le caractère social du processus de production et l’appropriation privée de ses produits.
Cette crise a également confirmé – et il est important que nous le soulignons – la justesse des analyses fondamentales issues de notre théorie marxiste-léniniste, y compris la loi tendancielle de la baisse du taux de profit, Karl Marx dans le Capital a montré que le capital cherche à tout prix – avec les méthodes les plus brutales quand il n'a pas d'autres choix – à intensifier l’exploitation des salariés et à pousser la spéculation encore plus loin que ce n’est actuellement le cas, dans le but de maximiser leurs profits.
Partout dans le monde, y compris en Europe, nous voyons qu’il y a des forces qui luttent contre l’exploitation capitaliste, contre la restriction des droits politiques, démocratiques et sociaux des travailleurs, contre la guerre, l’oppression néo-coloniale.
Dans de nombreux pays de l’Union européenne, des manifestations et des grèves se sont déroulées contre les coupes brutales dans les services sociaux, la résistance palestinienne et la résistance contre l’occupation impérialiste de l’Irak et de l’Afghanistan se poursuivent, dans certains pays du monde arabe le mouvement de protestation repart, et dans une certain nombre de pays d’Amérique latine de grandes transformations sont en cours dans l'arrière-cour des États-Unis, dans un combat pour la souveraineté et le progrès social.
Cela nous montre qu’il est toujours possible de résister contre l’exploitation capitaliste et l’agression impérialiste, et de défendre ainsi nos acquis, comme c'est le cas à Cuba socialiste, dont le Parti communiste est présent ici, nous le saluons chaleureusement – même si les conséquences dramatiques de la défaite du socialisme au 20ème siècle en Europe lui imposent une rude contre-offensive du capital, avec un rapport de forces mondial qui n'est pas en notre faveur. Mais le cours de l'histoire n'est pas figé éternellement.
La crise, qui a commencé il y a cinq ans aux États-Unis et s’est propagée à tous les continents, est pour nous, les communistes la preuve que le capitalisme aujourd’hui est non seulement incapable de résoudre les problèmes des travailleurs et des peuples, mais qu'il ne fait que les aggraver.
Cela confirme que le capitalisme n’est pas seulement incapable de prévenir les crises, mais que les crises sont de plus en plus destructrices. Les contradictions du système capitaliste s'intensifient, et cela concerne en particulier avec la contradiction fondamentale entre le caractère social de la production et la propriété privée des moyens de production. Depuis notre dernier congrès il y a quatre ans, de grands changements se sont produits au Luxembourg.
La crise du capitalisme a fait réfléchir beaucoup de gens, notamment quand les gouvernements de la France, la Belgique et du Luxembourg ont sauvé de la faillite deux banques Dexia et Fortis, avec des milliards de garanties venant de l’État. En 2010, les garanties du gouvernement luxembourgeois Dexia constituaient déjà 4 milliards d’euros, soit 9,6% du PIB d'alors. Un PIB qui avait chuté un an auparavant, en 2009, de plus de 5%.
La faillite des deux banques a donc été empêchée par l’injection d'argent public, et beaucoup pensaient que le pire était passé et qu'on arrivait au bout du tunnel. Mais ce n'était que le début, la crise capitaliste était tellement forte que si les banques, qui avaient fortement spéculé, devaient s'en sortir, la crise touchait d'autres secteurs de l’économie, en particulier dans le secteur industriel.
Cela signifie que de nombreuses entreprises ont réduit leur production et introduit une réduction des heures de travail, avec un nombre record de faillites et une baisse générale de la production.
Cela s’intègre dans la politique des différents gouvernements depuis des décennies. Plutôt que de développer le noyau industriel, de l'acier, avec un large éventail de produits de grande qualité, plutôt que d’encourager les petites et moyennes entreprises dans tous les secteurs, les gouvernements ont préféré miser sur une politique de niche dans le secteur financier, ainsi que dans l'attraction de grandes entreprises étrangères, sur lesquelles on a aucun pouvoir, avec des décisions prises à l’étranger et des possibilités de délocaliser à tout moment, comme nous l’avons connu plus d'une fois dans notre histoire.
Exproprier ArcelorMittal pour un euro symbolique!
Pour les communistes, une chose est claire: si rien n’est fait pour enrayer cette tendance, si à court terme toutes les entreprises comme ArcelorMittal ne sont pas nationalisées, il en sera bientôt fini de l’industrie sidérurgique au Luxembourg, et le sud du pays en sera réduit à un désert économique.
Pour les communistes, ce n’est pas une option envisageable, le KPL demande donc que Mittal soit exproprié pour un euro symbolique, et que toutes les activités d’ArcelorMittal, les usines ainsi que les mines et terrain soient intégrés au secteur public, gérés conjointement par l’État, les municipalités, les syndicats et les travailleurs de l'acier.
Mais cela doit également s’appliquer à d’autres grandes entreprises, par exemple pour l’industrie de l’énergie dans son ensemble, dans le secteur bancaire au Luxembourg ainsi que pour les compagnies d’assurances qui doivent être fusionnées en une seule banque publique. Mais c'est aussi valable pour les entreprises d’importance stratégique tels Lux-Air et Cargolux, que le gouvernement a déjà été livré au cheikh de Qatar pour 30 millions d'euros.
Pour les communistes, la plupart d’entre eux syndiqués, il est clair que le KPL soutiendra les actions des syndicats dans le secteur privé et le secteur public qui visent à défendre les emplois et les intérêts sociaux et économiques des travailleurs, comme cela a déjà été le cas.
En outre, ils luttent contre l’intégration des syndicats dans le système capitaliste, par l'idéologie du « dialogue social », le but des syndicats n'est pas seulement de lutter pour l’amélioration des conditions des travailleurs mais aussi de lutter contre l’exploitation de l’homme par l’homme. Donc contre un système qui ne peut exister sans l’exploitation, le capitalisme, une tradition qui s'inscrit dans l'histoire de notre mouvement ouvrier.
Il faut réduire drastiquement le budget militaire
La grande majorité des gens a compris les propositions du Parti communiste, et elles ont été chaleureusement accueillies, de proposer la réduction drastique du budget militaire pour dépenser l’argent, non plus dans des aventures militaires à l’étranger, l'achat de véhicules blindés ou de quelques drones tueurs, et autres programmes militaires. Mais c'est pas l'orientation du gouvernement, et nous avons maintenant un budget militaire qui bat tous les records.
Beaucoup de gens ont compris la position du Parti communiste sur la nécessité d'une séparation de l’Église et de l’État, selon quoi les communautés religieuses, parce que la religion est une affaire privée, doivent aussi avoir un financement privé, de sorte que l’Etat et les collectivités pourraient économiser des centaines de millions d’euros et les dépenser à des fins sociales.
Mais c’est ce que le gouvernement ne fait pas. Au contraire. Le CSV et le LSAP discutent déjà de la manière dont ils pourraient mettre en place un plan de financement des diverses communautés religieuses.
Les coupes programmées des CSV et LSAP dans les programmes d'aide sociale signifient que la vie de dizaines de milliers de familles va se détériorer de façon considérable. Et cela vaut non seulement pour les personnes qui ont un emploi, mais dans une plus large mesure pour des milliers de femmes et d’hommes qui ont une retraite minimum, une petite pension d’invalidité, qui vivent du RMG ou d'un complément du RMG, et dans une plus large mesure encore de ceux qui n’ont pas de travail et ne bénéficient souvent pas des allocations-chômage.
Vous vous souvenez peut-être du fait que M. Juncker, quand il est devenu premier ministre en 1995, avait déclaré que les problèmes seraient résolus car ils étaient mineurs. Cependant, le chômage en 1995 était encore relativement faible. Mais depuis, il n’a cessé de croître et il augmente très rapidement depuis le début de la crise, ce qui se manifeste dans un certain nombre d’entreprises par des plans de licenciements aux conséquences dramatiques. Il n’est pas exagéré de dire que nous avons aujourd’hui au Luxembourg 25.000 chômeurs, près de deux fois plus que les chiffres officiels du gouvernement.
On peut juste qu'ils mentent sur le papier et usent de toutes sortes d’astuces pour maintenir le nombre officiel de chômeurs aussi bas que possible et masquer l’ampleur de la catastrophe et leur faillite.
Le gouvernement lui-même a admis que, dans leurs chiffres officiels des catégories entières de chômeurs ne sont plus pris en compte, tels que les chômeurs qui travaillent plus de 7 jours dans le mois, les femmes malades ou les chômeuses qui sont en congé maternité. Et comme il y a aussi ceux qui ont envoyé des dizaines, voire des centaines de demandes d’emploi pour des entreprises et qui, dans la plupart des cas, n'ont pas obtenu de réponse, se sont découragés et ne présentent plus l'Agence pour l'emploi, sans oublier ceux qui, pour les Statistiques du Bureau de l’emploi, ont été supprimés car cela fait déjà deux ans qu'ils sont sans emploi.
L’alternative est le socialisme
Le Parti communiste a été et est convaincu qu’il est nécessaire que, dans ces conditions misérables dans l’un des pays les plus riches du monde, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec cette politique, ceux qui veulent se battre, tous ceux qui recherchent une alternative dans les intérêts des travailleurs, des chômeurs et des retraités travaillent ensemble.
Le KPL est convaincu que les contradictions de ce système avec toutes ses conséquences néfastes, dont je viens d’énumérer ici un certain nombre, là aussi, ne pourront être résolues et surmontées au Luxembourg, que lorsque le capitalisme sera aboli.
Le socialisme, qui se caractérise par la nationalisation des principaux moyens de production, par la planification sociale et le contrôle démocratique de l’économie et de toutes les institutions étatiques par les travailleurs et les travailleurs, est la seule alternative au capitalisme – même ici au Luxembourg. Un socialisme qui ne puise pas dans modèle, mais construit selon l’expérience historique de notre peuple et la situation spécifique de notre pays.