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Le Kerala, dirigé par les communistes, sera bientôt le premier État indien sans pauvreté extrême
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L'éradication de l'extrême pauvreté dans l'État est le résultat des politiques ambitieuses menées par le gouvernement de Pinarayi Vijayan.
Traduction Nico Maury
L'État du Kerala, dans le sud de l'Inde, a annoncé qu'il aura éradiqué l'extrême pauvreté d'ici novembre prochain en sortant des milliers de familles du dénuement.
Il sera le premier État indien à franchir cette étape, saluée par le gouvernement communiste comme une étape clé dans la voix du Kerala vers un développement inclusif.
Le Programme d'éradication de l'extrême pauvreté (EPEP) a été lancé en 2021 par le nouveau gouvernement du Front de gauche du Kerala. L'objectif initial était d'éradiquer toute forme de misère d'ici à 2026. Cependant, l'échéance a été avancée grâce aux excellents résultats des collectivités locales et des autres services gouvernementaux.
L'éradication de l'extrême pauvreté dans l'État est le résultat d'un « fort sentiment de compassion et d'engagement envers la dignité humaine » que les communistes ont envers leurs semblables, a déclaré Pinarayi Vijayan, ministre en chef de l'État, lors d'une rencontre publique la semaine dernière.
« La responsabilité première du gouvernement est d'améliorer la qualité de vie de la population », a-t-il ajouté. Cette cérémonie visait à proclamer Dharmadam, la circonscription électorale de Pinarayi, dans le district de Kannur, première circonscription du pays à être libérée de l'extrême pauvreté.
L'administration d'Ernakulam, l'un des 14 districts de l'État, a annoncé un jour plus tard qu'elle atteindrait l'objectif de zéro pauvreté extrême d'ici au 15 août.
La feuille de route du Kerala pour l'éradication de la pauvreté
L'Inde demeure un pays où la pauvreté est très élevée, malgré la forte croissance économique enregistrée au cours des trois dernières décennies. Selon le groupe de réflexion gouvernemental NITI Aayog, le taux moyen de pauvreté multidimensionnelle (MDP) dans le pays s'élevait à 14,96 % en 2021. Cela signifie que des millions de personnes vivent dans l'extrême pauvreté.
Contrairement aux tendances nationales, le Kerala a réussi à lutter efficacement contre la pauvreté. Selon les données de NITI Aayog, il est le seul État du pays à afficher un MDP inférieur à 1 % (0,71 %).
Les faibles niveaux de dénuement dans l’État sont le résultat de décennies d’interventions politiques progressistes telles que :
- Réformes agraires
- Des dépenses sociales élevées
- Institutionnalisation les soins de santé en tant que service public
- Divers autres programmes sous les gouvernements communistes successifs
Fort de cet héritage, le gouvernement dirigé par Pinarayi a décidé d’aller plus loin et de lancer un programme visant à éradiquer les traces restantes de l’extrême pauvreté dans l’État.
Planification au niveau micro
Dans le cadre de ce programme, l'État a identifié 64.002 familles – soit un peu plus de 100.000 personnes – comme extrêmement pauvres, sur une population totale de plus de 35 millions d'habitants. Ces familles ont été identifiées en raison de leur incapacité à subvenir à leurs besoins fondamentaux, tels que l'alimentation, les soins de santé, un logement sûr et un revenu stable. Suite à cette évaluation, le gouvernement a élaboré en août 2021 un plan à l'échelle microéconomique pour sortir toutes ces familles de l'extrême pauvreté.
Le gouvernement a lancé plusieurs programmes spéciaux pour mettre en œuvre le plan :
- Offrir une formation professionnelle et d’autres soutiens nécessaires aux familles qui ne disposent pas d’une source de revenus stable
- Lancement d'une garantie d'emploi minimale de 100 jours
- Élaborer des plans de subsistance individuels en fonction des besoins spécifiques d'une famille particulière
Des initiatives existantes, comme Kudumbashree, ont été intégrées au programme, de même que de nouveaux programmes comme Destitute Free Kerala (DFK). Le gouvernement a également lancé le programme « Rights without Delay » afin de fournir les documents nécessaires à plus de 21.000 familles concernées. Ces documents étaient indispensables pour bénéficier des prestations gouvernementales.
Selon l'enquête économique 2024 du gouvernement du Kerala, près de 50 % des familles ciblées sont sorties de l'extrême pauvreté dans les deux ans suivant le lancement du programme. Selon les dernières estimations, les efforts concertés et coordonnés des différents services du gouvernement de l'État ont permis de sortir plus de 70 % des familles extrêmement pauvres de leur indigence.
Le rôle essentiel de l'autonomie locale
Pinarayi a reconnu le rôle crucial joué par les organismes d’autonomie locale tels que les « gram panchayats » (conseil de village) et les corporations municipales dans le succès de l’EPEP dans l’État.
Le Parti Communiste d'Inde (Marxiste), principal acteur du gouvernement du Front démocratique de gauche (LDF) de l'État, affirme que les autonomies locales (LSG) constituent l'élément le plus dynamique du mécanisme de gouvernance. Le mouvement communiste du pays, et plus particulièrement du Kerala, a toujours privilégié le renforcement de la décentralisation et des LSG pour une approche du développement davantage centrée sur l'humain.
La confiance dans les LSG a joué un rôle crucial dans leur intégration au programme d'éradication de l'extrême pauvreté au Kerala, dans le cadre des politiques du LDF. Les LSG ont participé aux enquêtes de terrain visant à identifier les familles démunies. Ils étaient également chargés d'identifier les besoins spécifiques des familles, ainsi que de préparer et d'exécuter les plans à petite échelle, appelés sous-plans de lutte contre l'extrême pauvreté.
Le succès du Kerala n'est qu'un début, car les forces de gauche espèrent appliquer les leçons de cet État à d'autres États indiens et éradiquer définitivement l'extrême pauvreté. Cependant, l'un des principaux enseignements du Kerala est l'importance d'un gouvernement qui donne la priorité à l'éradication de la pauvreté et renforce les collectivités locales pour mener à bien cette tâche, ce qui signifie que la lutte politique reste au cœur de ses préoccupations.
Abdul Rahman
Peoples dispatch
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