Vendredi 7 février 2025 - Hommage aux victimes de la répression sauvage de 1962 au métro Charonne
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Le 8 février 1962, la manifestation contre les attentats et crimes de l’OAS et pour la paix en Algérie, est sauvagement réprimée par la brigade spéciale placée sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon et le ministre de l’Intérieur Roger Fray.
Il sera dénombré 9 morts (9 travailleurs syndiqués à la CGT, dont 8 étaient membres du PCF) et des centaines de blessés graves.
Le 7 février 1962, dix plasticages résonnent dans Paris. Dix personnalités favorables à l’autodétermination du peuple algérien sont visées. Parmi lesquelles Raymond Guyot, dirigeant du PCF (dont l’épouse fut blessée), Vladimir Pozner, écrivain (blessé), André Malraux, ministre de la Culture (qui est absent), et c’est une fillette de 4 ans, Delphine Renard, proche de son domicile qui est grièvement blessée et deviendra aveugle. La photo de son visage ensanglanté atteignait chacun.
Syndicats et organisations de gauche, à l’exception notable du Parti socialiste, appelaient à une manifestation de protestation dès le lendemain. Celle-ci avait également pour objet la fin de la guerre d’Algérie et le droit à l’autodétermination du peuple algérien.
Des dizaines de milliers de personnes descendent pacifiquement dans la rue aux cris de « OAS assassin, paix en Algérie ! ». C’est au moment de la dislocation que le plus important cortège, au carrefour du métro Charonne, subit l’agression de la brigade spéciale de la police qui a la volonté de tuer.
Le lendemain, les négociations reprennent avec le GPRA et aboutissent aux accords d’Évian le 19 mars 1962.
Le 13 février 1962, en région parisienne, toute activité est interrompue. Un million de personnes rendent hommage aux victimes, dans une grande et imposante manifestation, de la place de la République au cimetière du Père-Lachaise.
Soixante-trois ans plus tard, c’est donc la reconnaissance de ce véritable crime d’État que le comité Vérité et justice pour Charonne vous appelle à exiger du pouvoir. Comme pour la manifestation non-violente des Algériens, le 17 octobre 1961, avec plus de 100 morts et de nombreux blessés.
Les victimes : Neuf étaient des militants de la CGT dont huit du PCF.
- Jean Pierre Bernard, 30 ans, trois enfants, dessinateur aux télécoms.
- Fanny Dewerpe, 31 ans, un enfant, secrétaire ; sa famille avait été décimée par les nazis, militante à l’UJRE ; son mari, André Dewerpe, était mort des suites des violences policière lors de la manifestation du 28 mai 1952 contre la venue en France du général Ridgway, symbole de la guerre de Corée.
- Daniel Féry, jeune communiste de 15 ans, employé à la SERP (routage de l’Humanité).
- Anne Claude Godeau, 27 ans, employée aux chèques postaux.
- Édouard Lemarchand, 41 ans, menuisier, depuis un an travaille au service des ventes à l’Humanité.
- Suzanne Martorel, 36 ans, trois enfants, employée au routage de l’Humanité.
- Hippolyte Pina, 58 ans, maçon ; il avait quitté l’Italie fasciste vers 1930.
- Raymond Wintgens, 44 ans, typographe, militant CGT.
- Maurice Pochard, 48 ans deux enfants, décédé à l’hôpital après deux mois de souffrances des suites de ses blessures.
- Un agent de la RATP, Mohamed ait Saada, 28 ans, resta cloué sur un fauteuil roulant durant 21 années avant de mourir des séquelles en 1983.
Jean-Michel Dumont