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Le blog de pcfmanteslajolie

Roger Brunel. Un Résistant communiste mantais fusillé le 11 avril 1944

30 Juin 2023, 07:49am

Publié par pcfmanteslajolie

Roger Brunel c'est le nom d'une rue de Mantes-la-Jolie.

C'est aussi et surtout d'un Résistant communiste, cheminot, fusillé par les nazis.

Repris du blog de Roger Colombier

A l'occasion de l'hommage rendu par la République aux résistants fusillés au Mont-Valérien: Roger Brunel, agent au dépôt SNCF de Mantes-la-Jolie, responsable d'un groupe armé communiste, arrêté par la police française et fusillé au Mont-Valérien le 11 avril 1944 par les soldats allemands.

Une petite rue de Mantes-la-Jolie porte son nom, car il habitait cette ville. Roger Brunel ne parlera pas sous la torture, lui, responsable d'un groupe de résistance dans le Mantois,  qui connaissait les identités des chefs régionaux des Francs tireurs et partisans français en la personne de René Martin et de Louis Racaud.

Avant l'Occupation, Roger Brunel fait le dos rond quand Paul Greffier, secrétaire général du syndicat des cheminots et communiste, s'en trouve exclu et est interné. Et aussi, ne dit-il rien quand ce même syndicat avalise la politique pétainiste. Mais quand Louis Racaud le contacte, il accepte sans hésitation de rejoindre l'embryon de résistants qu'il dirige dans le Mantois depuis août 1940.

Les deux hommes se connaissent, presque des voisins dans le quartier de Gassicourt. Le PCF, leur parti, est clandestin depuis son interdiction en septembre 1939. Le premier est ajusteur aux ateliers SNCF de Mantes, le deuxième sédentaire au service intérieur du dépôt, là où s'agencent les trains spéciaux mis en circulation par les nazis (marchandises pour l'Allemagne et convois militaires). Ils sont 6 500 Allemands, triés sur le volet, au sein de la SNCF, dans les points de commandements de l'entreprise française ou en ses endroits stratégiques. A Mantes, un Allemand tient son bureau à côté de celui du chef de dépôt. Les cheminots allemands vont être beaucoup plus au fur et à mesure des défaites de leur grand Reich.

Hitler a besoin que les chemins de fer français fonctionnent pour faire rouler son économie de guerre, ses trains de déportés, ses troupes et leur matériel.

Pour l'heure, les directives des résistants sont d'infiltrer le syndicat officiel pétainiste pour fomenter des revendications sans en être pris pour les meneurs. Il faut aussi collecter des fonds pour les camarades entrés en clandestinité ou emprisonnés. Voilà le rôle des Comités populaires instaurés par Benoît Frachon, clandestin depuis septembre 1939. Après vient bientôt l'Organisation spéciale, chargée de la lutte armée et du sabotage. Roger Brunel va en prendre la direction à l'intérieur de la SNCF, chef du G 27, soit 27 combattants par triangles de trois indépendants les uns des autres, comme le PCF fonctionne dans la clandestinité.

Le chef français du dépôt de Mantes rappelle le 15 août 1941, l'article 20 de l'ordre général du 1er juillet 1941: "interdiction aux agents de se livrer à des manifestations dans les emprises du chemin de fer. En conséquence, il est interdit aux agents de tous grades de se livrer à des manifestations de quelle nature qu'elles soient (politiques, religieuses, syndicales) et de faire une propagande quelconque à l'intérieur des gares, dépôts, ateliers, bureaux et autres lieux de travail situés dans les emprises du chemin de fer. Je pense qu'il aura suffit  de rappeler ces prescriptions au personnel pour qu'elles  soient rigoureusement respectées, sans qu'il soit besoin  de prendre des sanctions qui pourraient être très graves contre les agents qui ne voudraient pas s'y confirmer". Mais les sabotages du matériel roulant, des rails et des locomotives ne vont plus cesser.

Lorsque les Francs Tireurs et Partisans Français s'organisent davantage, Roger Brunel assure la direction d'un groupe extérieur à la SNCF. Il est privilégié pour circuler, il dispose en tant que cheminot d'un laisser-passer signé par les occupants.

Ses actions prennent de plus en plus d'ampleur dans les emprises du chemin de fer et au-delà (plus de  25 interventions armés en dehors de la SNCF). Alertés par des policiers sympathisants, René Martin et Louis Racaud, sur ordres de l'état-major des FTPF, décident que Roger Brunel devienne clandestin. Trop tard.

Dans la nuit du 29 au 30 novembre 1943, la police spéciale française vient l'arrêter chez lui. 11 autres résistants sont pris de la même façon et emprisonnés à Mantes. Le matin, René Martin, qui est l'instituteur d'un de ses fils, apprend la nouvelle. Avec la complicité de deux gardiens de la prison, les FTPF s'organisent pour tenter l'évasion de leurs douze camarades. Trop tard aussi. Le procureur fait amener les prisonniers à Paris pour les remettre aux Allemands. Ses services envoie le message suivant à la Gestapo, lettre découverte dans les archives de l'ex-Seine-et-Oise:

     roger brunel002

Tous ces résistants seront exécutés ou assassinés en déportation

Roger Brunel est condamné à mort par un tribunal militaire allemand. il ne parle pas sous la torture, sauvant ainsi l'état-major régional des FTPF avec qui il entretenait des contacts quasiment permanents vu son rôle dans la résistance du Mantois.

Sa dernière lettre adressée à son épouse et à ses trois enfants, tirée de Le Mantois sous la botte, écrit par René Martin et Louis Racaud Président et Vice-président du comité clandestin de libération:

roger brunel001

 

 

Roger Brunel fut enterré au cimetière d'Ivry. son corps fut rendu aux siens le 23 février 1945.

Il est enterré désormais dans le cimetière de Gassicourt. Un jour, les services administratifs de la ville signifiait que la concession de sa tombe était expirée (Roger Brunel n'a plus aucune famille dans la région depuis fort longtemps). Devant l'émoi soulevé par cette mesure bureaucratique indigne, une délibération municipale adoptait que les sépultures des "Mantais illustres" ne seraient plus remises en cause.

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