Le déficit du système de retraite a-t-il été artificiellement gonflé par Bercy ?
Selon le collectif Nos retraites, Bercy aurait fourni des hypothèses fortement dégradées sur les rémunérations et les effectifs de la fonction publique.
En pleine mobilisation contre le projet gouvernemental, le collectif Nos retraites met en doute la sincérité du déficit du régime général.
Pourquoi estimez-vous que les chiffres qui servent d’argumentaire au gouvernement ne sont pas sincères ?
Nous nous sommes penchés dans le détail du rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), daté de septembre 2022, qui sert aujourd’hui de faire valoir au projet de réforme des retraites. En parcourant les hypothèses transmises par Bercy sur la fonction publique, nous nous sommes aperçus que, entre 2021 et 2022, soit avant et après la réélection d’Emmanuel Macron, celles-ci avaient été modifiées et particulièrement dégradées. Ce qui soulève de vraies questions sur la sincérité de ces chiffres.
C’est-à-dire ?
Le COR, pour faire ses projections, utilise ses propres chiffres pour le très long terme. Mais pour évaluer le court terme, comme l’évolution du point d’indice dans les cinq prochaines années, il demande au gouvernement de lui fournir ses hypothèses. Bercy prévoit un quasi-gel des traitements sur toute la durée du quinquennat en cours. Ce qui conduit à une baisse très significative de la rémunération réelle des fonctionnaires, de 10,75 % entre 2022 et 2027, une fois l’inflation prise en compte. L’autre « surprise » vient de la stabilité des effectifs globaux pour la fonction publique d’État et la fonction publique territoriale qui entraînerait une rigidification inédite des recrutements dans les services publics depuis 2012.
Quel est l’effet sur le système de retraite ?
Ces effets massifs sur la masse salariale publique conduisent à surévaluer le déficit attendu du système de retraite en 2027. Si aucun décrochage de la rémunération des fonctionnaires n’était organisé et que la masse salariale indiciaire évoluait comme celle de l’ensemble de la population, cela rapporterait 4,7 milliards d’euros de cotisations supplémentaires en 2030. Pour le dire clairement : cela viendrait combler la moitié du déficit du système de retraite à cette date. Cela pose une vraie question : le déficit du système de retraite a-t-il été artificiellement gonflé ? Nous attendons les réponses du gouvernement.
Le déficit du système de retraite a-t-il été artificiellement gonflé par Bercy ?
En pleine mobilisation contre le projet gouvernemental, le collectif Nos retraites met en doute la sincérité du déficit du régime général. Pourquoi estimez-vous que les chiffres qui servent ...