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Le blog de pcfmanteslajolie

L'Humanité. Les mastodontes de l’industrie pharmaceutique organisent la pénurie de médicaments

29 Août 2019, 13:44pm

Publié par pcfmanteslajolie

L'article est paru dans l'Humanité le 28 août 2019. Une question n'est néanmoins pas abordée par l'Humanité:

c'est celle de la nationalisation des laboratoires pharmaceutiques.

Ce serait une bonne occasion d'une part de sécuriser le droit pour tous aux soins et, étant donné les profits réalisés dans ce marché capitaliste "juteux", de faire baisser les prix des médicaments en France mais aussi, progressivement, partout dans le monde.

Flux tendu et sous-traitance en cascade, la stratégie financière des laboratoires entraîne des accidents de production et de distribution.

 

La tribune est signée de 26 médecins et professeurs.

Publiée en plein cœur de l’été dans les colonnes du JDD, elle tire la sonnette d’alarme sur la pénurie de médicaments qui guette dans les hôpitaux : « 868 signalements de tensions ou de ruptures d’approvisionnement » recensés en 2018, « vingt fois plus » qu’il y a dix ans, s’inquiètent les signataires.

Une situation alarmante qui fait écho à la crise sociale inédite que traverse le secteur hospitalier, et qui assombrit encore le quotidien de l’hôpital public.

 

Sur le banc des accusés, les laboratoires pharmaceutiques, coupables, par obsession du profit, d’organiser la pénurie. « L’approche financière des laboratoires est une cause majeure de ces ruptures de stock », affirme Thierry Bodin, coordinateur CGT chez Sanofi.

« La recherche de la rentabilité maximale, et donc de la baisse des coûts, pousse les entreprises à fonctionner à flux tendu », poursuit le syndicaliste.

Une politique du zéro stock qui ne permet pas aux laboratoires d’absorber la moindre secousse dans la chaîne de production.

Par ailleurs, « la sous-traitance de la production des principes actifs, particulièrement en Chine et en Inde, entraîne mécaniquement des incertitudes sur les livraisons et peut créer des situations de rupture », note Thierry Bodin, qui indique que « 80 % des principes actifs d’origine chimique » sont aujourd’hui importés d’Asie.

Idem pour la fabrication des produits finis (enrobage notamment).

Massivement externalisée en France et à l’étranger, elle est à la charge d’entreprises prestataires, « qui elles aussi courent après la rentabilité ».

Résultat, « la maintenance des sites de production laisse à désirer et, sur les 120 usines françaises sous-traitantes, les problèmes sanitaires sont récurrents ».

Les lots fabriqués non conformes sont rejetés par les autorités de contrôle et détruits, aggravant ainsi la menace de rupture et de pénurie.

 

Enfin, les grossistes répartiteurs ont également leur part de responsabilité.

Intermédiaires dans la distribution aux officines et aux hôpitaux, ils n’hésitent pas, en jouant sur les prix, à écouler les stocks à l’étranger plutôt qu’en France, quand le marché y est plus favorable.

Dans leur tribune, les médecins, excédés, demandent que soit imposée aux laboratoires la constitution de stocks pour les remèdes cruciaux.

Reste que la stratégie à l’œuvre s’avère payante pour les mastodontes de l’industrie pharmaceutique.

« Chez Sanofi, conclut Thierry Bodin, les actionnaires ont vu leurs dividendes augmenter pour la 25e année consécutive. »

Marion d’Allard

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