26 mai 2019. Elections européennes. Quels enjeux ?
Le 26 mai prochain, nous avons été appelés à voter pour désigner nos représentants au Parlement européen.
Mais quels sont réellement les enjeux ?
(Voir en page 3)

L’Europe que l’on connaît voit le jour dès 1947 - avec l'éviction des ministres communistes sur ordre des USA - avec la constitution de la IV° république et ce qu'on a appelé la 3° force - socialistes, MRP, radicaux et petits partis centristes - pour se maintenir au pouvoir entre "deux feux" : celui des communistes, celui des gaullistes avec le RPF créé en avril 1947.
Cette "troisième force" oriente la politique de reconstruction dans deux directions complémentaires: l'alliance avec les Etats Unis dans le cadre de la guerre froide et la construction européenne.
Projet symbolique de cette troisième force : la CED - communauté européenne de défense - qui est un projet de création d'une armée européenne, avec des institutions supranationales placées sur la supervision du commandant en chef de l'OTAN … lui-même nommé par le Président des Etats-Unis.
Après une intense campagne du PCF - et l'opposition des gaullistes - le traité instituant la CED, pourtant déjà ratifié par la RFA, la Belgique, le Luxembourg et Les Pays-Bas, est rejeté le 30 août 1954 par l'Assemblée nationale française par 319 voix contre 264 et entraîne la démission du Président du Conseil, Antoine Pinay.
Dès le départ donc, cette construction européenne est le fruit d'un double consensus socialistes-droite.
C'est notamment le cas de la PAC - politique agricole commune - créée en 1957 et mise en place en 1962, qui vise à rentabiliser la politique agricole (ce sont, par exemple, des milliers d'exploitations familiales qui vont être détruites en France en 2-3 décennies - mettant en cause la capacité d'autosubsistance de notre pays et évidemment ses capacités de coopération avec d'autres pays dans ce domaine).
Le traité de Maastricht qui va reprendre et amplifier tous les pas faits précédemment dans l'intégration européenne, qui va décréter la libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes à l'intérieur des frontières européennes tout en ne fixant des règles nouvelles que pour les deux premiers termes : les capitaux et les marchandises.
Traité de Maastricht - et c'est son innovation principale - qui va instituer la monnaie unique - l'euro - et la création d'une banque centrale européenne, officiellement indépendante des états qui composent le territoire sur lequel s'étend son influence.
Une intense campagne du PCF conduit, d'une part à obliger François Mitterrand à annoncer la tenue d'un référendum en 1992, et d'autre part manque de peu le rejet du traité avec plus de 49% de "non" contre 51% de "oui" obtenus et défendus par des forces aussi diverses que le RPR, l'UDF, Les Verts, l'abstention de Lutte Ouvrière, le parti socialiste - dont Jean-Luc Mélenchon qui multiplie les insultes publiques contre les communistes.
Le traité constitutionnel européen qui va, comme nous l'avions dit à l'époque, "graver dans le marbre" tous les traités préexistants et qui ne pourront plus "officiellement" être remis en cause : traité de Nice, 1° traité de Lisbonne .. etc..
Nouvelle innovation : il décrète la libre concurrence non faussée dans pratiquement tous les domaines, des transports jusqu'à la santé en passant par l'Education nationale.
Là encore, l'intervention des communistes est essentielle.
Parti de 20%, le "NON DE L'ESPOIR" gagne peu à peu du terrain et l'emporte largement avec 55% des suffrages en mai 2005.
On connaît la suite. Chirac, tout en prenant acte du résultat, poursuit cette politique. Sarkozy, dès 2007, entérine - grâce aux votes des députés UMP, MODEM, Verts et Socialistes - le traité de Lisbonne.
Quels enseignements
peut-on en tirer ?
A l'évidence, le capital tient à ce projet. Il ne s'avoue jamais vaincu. Il recule quand il ne peut pas faire autrement. Il avance d'autant plus vite quand l'opposition à ses projets n'est pas déterminée.
Et ce n'est pas par hasard si la libre concurrence non faussée est appliquée prioritairement aux transports (Air France, SNCF avec les lois Gayssot), à l'énergie (EDF, GDF), aux télécommunications (PTT puis P et T puis France Télécom et La Poste), à l'Education nationale (introduction de capitaux privés et mise en concurrence, réformes successives des lycées et des écoles faisant la part belle au privé, écoles privées dorénavant subventionnées obligatoirement par les municipalités), à la santé (loi Bachelot), à la protection sociale (changement de régime des mutuelles pour les adapter aux normes européennes, déremboursements sécu mais liberté des prix pour les médicaments, mise en cause du droit à la retraite avec l'incitation au recours aux assurances privées)…
Enfin, dernier volet en date - la crise et la dette. Ce sont les marchés financiers qui vont fixer les taux d'intérêts en fonction de la capacité de remboursement des états. Moins ils estiment qu'ils pourront rembourser, plus les intérêts seront élevés pour compenser "ce risque". C'est le cas notamment de la Grèce avec un taux d'intérêt de 15% et une dette qui s'accroît à chaque plan de sauvetage. Plan de sauvetage qui va revenir, à chaque fois, à faire payer la rentabilité des capitaux aux salariés et à la population (vente du Pirée à Athènes, dégraissage de la fonction publique, baisse des salaires et du salaire minimum ...
L’Europe de la guerre.
Sans doute, faut-il ajouter à ces volets économiques, les guerres : la destruction d'une partie de l'appareil de production pour permettre le ré-emploi des capitaux.
Là aussi l'Europe a fait un pas de plus. Si en 2003, grâce à notre pays, elle n'avait pu s'engager complètement dans la guerre en Irak, elle l'a fait pleinement en Côte d'Ivoire via la France et en Libye.
Les mêmes guerres qui vont amplifier le phénomène des migrants, poussés à s’expatrier par les guerres !
Faire entendre
une autre voix jusqu’au
Parlement européen.
Les communistes n’ont jamais prôné le repli sur soi, le rejet de l'autre, les frontières hermétiques.
La politique qu’ils prônent ne peut être que liée avec une série de propositions fondamentales: remise en cause des dettes publiques indues, renationalisation du secteur financier, renforcement de nos services publics et leur développement (notamment la gestion de l'eau), détricotage ou retrait de notre pays des traités successifs qui le bâillonnent et remettent en cause son indépendance nationale (notamment en matière agricole, en matière de défense nationale), interdiction de fait des délocalisations et de la réimportation y compris par des taxes dissuasives, développement d'une coopération internationale respectueuse des autres et favorisant la sortie du sous-développement .. etc.
Dès lors l’enjeu de l’élection européenne du 26 mai prochain ne peut être la gestion de l’Europe telle qu’elle est – celle-ci est inamendable – mais qu’au Parlement européen des élus fassent entendre une autre voix.
Une autre voix respectueuse des pays et de leurs citoyens, de leurs attentes.