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Le blog de pcfmanteslajolie

Dachau, l’ancien « potager » du camp de concentration pour les réfugiés

14 Juillet 2018, 06:39am

Publié par pcfmanteslajolie

(Chronique de José Fort dans « La Marseillaise week end »)

 

La chancelière, Angela Merkel, a sauvé – pour combien de temps ?- son poste.

Quant à son xénophobe ministre de l’Intérieur, il reste en fonction.

Les deux branches de la droite allemande ont réussi à s’entendre sur le dos des réfugiés qui seront placés dans des « zones de transit » avant d’être expulsés.

Savez-vous où est installée la première « zone de transit » ?

A Dachau, dans la banlieue de Munich !

Les plus jeunes ne savent peut être pas.

Dachau est le premier camp de concentration des nazis.

En 1933, le camp a été ouvert spécialement pour réprimer les communistes allemands.

Puis, plus tard, il a été « modernisé » pour exterminer les Juifs, des résistants, des communistes, des homosexuels, des tziganes…

 

A Dachau, plus de 40.000 personnes ont été assassinées entre 1939 et 1945. Dachau, c’était l’horreur.

A un point tel que les déportés survivants ont gardé le silence pendant des années ne trouvant pas les mots pour d’écrire l’indicible.

A Dachau, les réfugiés de 2018 seront rassemblés dans le « herb garden », une sorte de potager cultivé par les juifs déportés dans les années 1940 pour nourrir leurs tortionnaires.

Tout un symbole.

 

Lorsqu’on évoque l’installation d’une « zone de transit » pour réfugiés dans sa commune à proximité de l’ancien camp de concentration, le maire de Dachau trouve la perspective « sympathique et humaine ».

« L’endroit est calme et loin de tout », ose-t-il vomir.

Dans les années 1940, ses grands-parents n’avaient rien vu, rien entendu.

Sa surdité et son aveuglement relèvent certainement d’un héritage familial.

 

Dans la « Barbarie ordinaire, music à Dachau », Jean Clair écrit : « la mémoire - la culture – joua un rôle majeur dans le destin des déportés. »

Et il prend pour exemple le peintre Zoran Music qui a réalisé au risque de sa vie une centaine de dessins décrivant ce qu’il a vu: les scènes de pendaison, les fours crématoires, les cadavres empilés.

Peut-on oublier de telles horreurs ?

Des alliances politiques véreuses, des compromis mortifères, enterrent une tragédie ou plutôt lui donne une seconde vie.

A Dachau, les nazis peuvent relever la tête : avec l’installation des réfugiés à la porte du camp, ils prennent leur revanche.

Leurs descendants new look commencent eux aussi à s’installer : l’Union européenne avec à sa tête pour six mois le chancelier autrichien gouvernant avec les amis de Mme Le Pen, l’extrême droite aux affaires en Italie, en Hongrie et en Pologne.

Cela commence à faire beaucoup.

A laisser faire, le réveil pourrait être funeste.

José Fort

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