Réunion publique du 10 décembre 2011. Augmenter les salaires pour sortir de la crise.
"Le choix politique en France ne peut pas se résumer à "qui va être le meilleur gestionnaire de la dette?".
Cette phrase, prononcée par un syndicaliste, illustre l'ambiance du débat - combativité et besoin de perspectives politiques - auquel ont participé de trentaine de Mantais.
Avec, tout d'abord, des témoignages sur la situation locale et les mouvements qui s'y déroulent.
VAL-PRIM (Mantes la Jolie) soumis, jusqu'il y a deux ans, aux lois du marché dans tous les sens du terme (y compris celles du marché du Val-Fourré): précarité, esclavage moderne (gens payés par des promesses, des bons alimentaires, heures non déclarées ..).
Et le même argument que celui utilisé ailleurs "vous devriez être heureux d'avoir du travail!".
Mohamed Ali Tahri, délégué syndical Val-Prim
Et puis, un premier mouvement qui fait événement. "Les salariés invisibles" se mettent en grève. L'employeur cède tout de suite sur la majorité des revendications.
Un premier mouvement suivi bientôt d'un deuxième avec le même succès.
L'idée largement répandue qu'il y a une crise et que les salariés en portent une part de responsabilité commence à être battue en brèche et les salariés commencent à prendre conscience de leur force.
KP1 (Limay) où la direction tentait de faire des salaires une question tabou.
3 ans sans augmentation alors que l'entreprise augmentait régulièrement ses profits.
Et puis, cette grève, il y a moins d'un mois, où se recrée la solidarité entre salariés dans le combat contre la direction.
Pascal Frandjean, responsable syndical local et Kehimba Fofana, secrétaire du CE de KP1
"Pendant trois semaines et demi, on nous a dit qu'il était impossible d'augmenter les salaires alors que chaque jour la direction perdait 100 à 200.000 euros. Nous avons fait la preuve que ce n'est pas en ne revendiquant plus qu'on stoppera la crise".
La situation dans le Mantois où cette question revendicative est forte mais révèle également un vide politique.
L'augmentation des salaires est pratiquement absente du discours des partis politiques ou limitée au SMIC (alors que beaucoup de grilles salariales démarrent en dessous de ce niveau).
Une augmentation nécessaire pour le Mantois où le salaire médian d'un ouvrier c'est le SMIC, des écarts salariaux importants à qualification et à ancienneté égales (jusqu'à 300 ou 400 euros), le travail clandestin qui se multiplie, l'ancienneté gommée, les arnaques sur les heures supplémentaires …
L'augmentation des salaires est un droit.
Des témoignages suivis d'un débat riche qui s'est poursuivi au-delà de l'heure de fin prévue, avec:
- le sentiment d'être manipulé par le gouvernement et les médias alors que la réalité est tout autre.
Comme dira ce responsable du recrutement dans une entreprise: "l'argent est disponible partout mais il est gaspillé. Une réception de 300 personnes coûte moins cher que d'augmenter 10 salariés car elle entre dans "les frais". Celui qui vous dit qu'on ne peut pas vous augmenter gagne souvent beaucoup plus que vous".
- Une progression de la combativité comme chez Dunlopillo où les écarts salariaux sont mis en cause et où les salariés commencent à échanger leurs fiches de paie, l'Education nationale où, jeudi 15 décembre, tous les syndicats appellent à la grève même si souvent, contrairement à ce qu'on pense généralement, cette revendication apparaît moins accessible dans la fonction publique où les salaires sont une décision nationale et où les mouvements se dirigent donc plus naturellement vers l'augmentation des primes.
- La recherche de solutions et de perspectives. Avec des mots simples mais justes. "C'est le capital, ce n'est plus les politiques qui dirigent", "on a besoin de trouver des solutions, pas uniquement pour l'immédiat, mais pour l'avenir", "il n'y a rien d'amendable dans les traités européens", "les peuples unis sont plus forts qu'eux s'ils en prennent conscience".
Armelle Hervé, secrétaire de la section de Mantes la Jolie du PCF - Emmanuel Dang tran, dirigeant national du PCF - Pascal Grandjean
Comme le dira Emmanuel Dang Tran, il ne faut pas avoir peur de se battre à contre-courant.
Il se prépare une offensive sans précédent contre les salaires et une véritable œuvre de conditionnement est en marche.
Pour les communistes, mettre en avant les luttes, c'est d'abord soutenir les salariés et c'est aussi travailler à répondre au besoin de perspectives politiques.
Avec le besoin d'élever le niveau de riposte, de populariser des propositions - comme l'augmentation du SMIC associée au retour à l'échelle mobile des salaires - comme la remise en cause profonde de la construction européenne et de son bras armé qu'est l'euro.