Le Monde. Mélenchon et la tentation des paillettes
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Le blog des communistes de Mantes-la-Jolie
27 Janvier 2013, 10:59am
|Publié par pcfmanteslajolie
Il y a certaines images qui peuvent brouiller un message et celle de Jean-Luc Mélenchon à la soirée du mensuel masculin GQ, mercredi 16 janvier au musée d'Orsay, en fait partie. Elu "homme politique de l'année" 2012 par le magazine face à François Fillon et Pierre Moscovici, l'ancien candidat à la présidentielle du Front de gauche a quitté Strasbourg, où il assistait à une session du Parlement européen, pour un aller-retour express à Paris afin de venir chercher son prix.
Etait-ce pour discuter Révolution française avec Fabrice Luchini, "homme de l'année" selon GQ, qualifié quelques jours plus tard sur le blog de M. Mélenchon de "réactionnaire assumé, qui entretient avec [lui] un rapport du type qui unit la mangouste et le crotale" ? Etait-ce pour ironiser sur "la noblesse de l'entre-soi"réunie dans le public face à lui "l'humble roturier" ? Ou pour vérifier que certains de ses électeurs se trouvaient bien dans l'assistance, comme il l'affirmera sur son blog ? "Combien sont venus me dire qu’ils votaient avec nous et comptaient sur nous. Mais oui ! Vous ne le croiriez pas. Moi aussi j’étais scotché. Et je ne parle pas seulement de ceux qui servent à table. (...) Je parle de quelques-uns des beaux messieurs et belles dames avec qui j’ai passé la soirée et partagé le repas", écrit-il.
Jean-Luc Mélenchon - cérémonie homme de l'année... par lepartidegauche
"Yes, I am very dangerous"
Arborant sa traditionnelle cravate rouge, le leader du Front de gauche a retrouvé ce soir-là ses accents de campagne pour affirmer : "Yes, I am very dangerous !" dans son discours de remerciements. Une formule qu'il avait déjà employée durant la campagne présidentielle en référence à François Hollande qui avait déclaré, en direction de la City, à Londres : "I am not dangerous". "Et je vais vous faire les poches", avait alors ajouté M. Mélenchon, cultivant ainsi l'image de l'ennemi de la finance.
Cette fois, la déclaration a fait sourire le public et plus particulièrement l'homme d'affaires Yannick Bolloré, élu "'businessman de l'année". Recevant son prix, le fils de Vincent Bolloré, un proche de Nicolas Sarkozy, s'est félicité de repartir avec un cliché de M. Mélenchon. Quelques minutes plus tôt, les deux hommes avaient posé pour la traditionnelle photo, sur fond publicitaire de GQ et Lacoste, aux côtés de Xavier Romatet, PDG de Condé Nast France qui publie le mensuel. "Contrairement à ce que vous pouvez penser, on s'entend bien !, a déclaré M. Bolloré. Avec Direct8 et Direct Matin, on a été les premiers à vous donner autant de presse et autant de couverture. Donc, c'est plutôt un bonheur de se retrouver avec vous ce soir."
Interrogé sur les motivations du coprésident du Parti de gauche pour se rendre à cette soirée, Eric Coquerel, un de ses lieutenants, répond : "Parce qu'il y a été invité." "On a toujours dit que là où on pouvait diffuser notre message, on y allait, ajoute-t-il. Et parfois, on y est presque mieux traité que dans les émissions politiques." La longue interview publiée par GQ, réalisée par Frédéric Taddeï et titrée"Jean-Luc Mélenchon : 'Je suis un poète et un philosophe'", tout comme l'article deGala, magazine que M. Mélenchon a félicité lors de la soirée de GQ et qui juge que ce dernier s’y est offert "une nouvelle image d’intellectuel d’extrême gauche sympathique", ne le démentiront pas.