36ème congrès du PCF. Le vrai débat ne pourra pas être évacué !
Communiqué des initiateurs du texte alternatif « Un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe. Ni abandon, ni effacement », 16 décembre 2012
Les 14 et 15 décembre 2012, les communistes étaient appelés à voter pour choisir la motion qui servira de « base commune » pour le 36ème congrès du PCF, des 7 au 10 février.
Les résultats appellent une première constatation : le niveau extrêmement bas de la participation, malgré l’importance de l’enjeu. Il y aurait eu 34.000 votants officiellement, c’est-à-dire moins du quart des 140.000 adhérents revendiqués.
Autre constatation inquiétante : le nombre des « inscrits » n’atteint que 63.000. Moins d’un adhérent annoncé sur deux est reconnu comme cotisant. C’est 16.000 de moins que lors du même vote au dernier congrès statutaire de 2008. Les annonces sur le flux d’adhésion depuis le Front de gauche sont démenties par les chiffres de la direction eux-mêmes. En vérité, fédération, section par section, une nouvelle et grave étape dans la déstructuration des organisations militantes a été franchie.
La faiblesse de la participation traduit les dispositions prises par la direction sortante pour minimiser la portée du vote, esquiver les débats de fond, ficeler le 36ème congrès.
Le vote sur les motions est le seul moment où pouvait se tenir une réflexion et une expression nationales, collectives et contradictoires, sur le bilan et la poursuite de la stratégie d’effacement du PCF et de ses positions dans le Front de gauche. Rappelons que cette stratégie a été imposée unilatéralement depuis 2008, hors de tout congrès statutaire.
Les documents sur lesquels on votait sont arrivés quelques jours à peine avant le vote, dilué dans un magma de textes annexes, le tout représentant l’équivalent d’un roman de 500 pages. C’était mission impossible de les lire en entier, encore moins de les étudier en section. Auparavant, l’information préalable, dans le Parti comme dans l'Huma, a été minimale et partiale. Quant à l’organisation du vote lui-même, elle a relevé bien souvent du bricolage, sinon de l’irrégularité. Dans un contexte de discrédit du fonctionnement des partis politiques « bourgeois », il est inconcevable que la direction du PCF donne ce spectacle de caricature de démocratie interne.
Pourtant, l’enjeu du 36ème congrès est grave : Comment le PCF, organisation politique révolutionnaire historique de la classe ouvrière en France, prépare, anime la résistance des travailleurs et de la population à la politique de super-austérité programmée par le nouveau gouvernement en collaboration avec le patronat et l’Union européenne.
La direction a réussi à imposer son texte, intitulé « rallumer les étoiles ». Mais au forceps ! Malgré le légitimisme entretenu, tous les moyens à disposition des directions nationale et départementales, contrôlant l’appareil de vote, l’Humanité, etc. il n’obtient officiellement que 24.000 voix, même pas 20% des adhérents. La direction du PCF sort affaiblie, désavouée doublement : par ses méthodes et par leur résultat. Elle n’est pas légitime pour poursuivre sa stratégie d’effacement du Parti et d’abandon de ses positions révolutionnaires. C’est pourtant bien à quoi vise son texte, devenue maintenant « base commune » du Congrès. Sous un verbiage poétique et d’infinies diversions, il a escamoté les questions essentielles ouvrant à des remises en cause : le bilan des positions du Front de gauche, des illusions semées sur le nouveau gouvernement, de l’acceptation de la dictature de l’UE du capital…
Les options destinées à canaliser les sceptiques et les opposants ont moins bien fonctionné que les fois précédentes.
Le texte alternatif n°2 émanait d’un groupuscule trotskyste, transfuge du PS passé au PCF, maintenant au Front de gauche. Le fait est largement ignoré des communistes. La capacité de diversion de ce groupe, qui prétend « renouer avec le marxisme » tous les 5 ans sans jamais rompre avec l’entrisme, s’est dégonflée de moitié depuis le congrès de 2008.
Les initiateurs du texte alternatif n°1, à la fois des caciques, élus du Parti et des responsables de groupe, ont essayé de rassembler, sur la base de la confusion, tout à la fois des partisans du Front de gauche, des résignés au Front de gauche et des opposants au Front de gauche. Le résultat de cette démarche, électoraliste en interne, atteint 11%, malgré l’appui notamment de la direction de la puissante fédération du Pas-de-Calais. Comment être crédibles sur des positions « identitaires », par exemple sur l’UE, lorsque l’on s’est trouvé suppléant de Mélenchon aux législatives dans le Pas-de-Calais, lorsqu’on est candidat du Front de gauche à la législative partielle de Béziers, après y avoir animé les collectifs anti-libéraux pro-Bové en 2007, ou bien lorsque l’on s’est rangé derrière la proposition de candidature Front de gauche de Braouezec en 2009 aux régionales en Ile-de-France ? Démarche peu claire pour objectifs peu clairs. Clarifiez, camarades !
Avec le texte alternatif n° 3, nous avons défendu une toute autre option, à contre-courant : celle de la rupture avec le processus de mutation-transformation-liquidation du PCF maintenant dans le Front de gauche et dans le Parti de la gauche européenne.
Sans surprise, nous avons rencontré l’adversité, souvent mesquine, de dirigeants, nationaux et locaux, avec de rares exceptions.
Pour nous, ce vote, dans ces conditions caricaturales, n’est qu’une étape. Partout où nous avons réussi à imposer le débat parmi les communistes - notre attention aussi rivée vers les travailleurs, les luttes et la jeunesse - nos propositions ont marqué des points, souvent parce qu’elles sont celles que l’on attend du PCF. Cela se traduit dans la répartition géographique des 6% obtenus.
Dès la semaine prochaine, comme nous l’avons dénoncé, les camarades vont recevoir leur nouvelle carte plastifiée, indéchirable et pluriannuelle. C’est une provocation. D’un côté, la nouvelle carte entérine le programme « L’Humain d’abord » du Front de gauche et de Mélenchon dont les communistes n’ont jamais discuté. Sur l’autre face, la carte porte, symboliquement en lieu et place de la faucille et du marteau, l’étoile du Parti de la gauche européenne, cette officine financée par le Parlement et la Commission européenne pour sa fidélité à l’UE du capital, un des ennemis principaux des peuples de Grèce, du Portugal ou de France ! La direction du Parti aura attendu la fin du vote interne pour pousser encore, de façon hautement symbolique, le processus d’effacement du Parti. C’est lamentable.
Plus que jamais, dans la période qui s’ouvre, avant et après le congrès, nous poursuivrons notre démarche constituant à faire vivre et renforcer le PCF, ses organisations, sur une base de lutte, sur une base de classe. Nous continuerons à rassembler les communistes, écartés dans les faits de leur parti, pour qu’ils se le réapproprient, comme les travailleurs et les jeunes qui ont besoin dans leurs luttes d’une organisation porteuse, ni d’accompagnement et de réformisme, même sur le mode du cri, mais de ruptures révolutionnaires.
Nous continuerons à mettre en avant dans le Parti l’exigence de grandes campagnes nationales pour la nationalisation des secteurs clés de l’économie et la reconquête des grands services publics, pour la rupture avec l’UE et l’euro, etc. dans la perspective d’un projet de société : le socialisme au 21ème siècle.
Il y a et il y aura des révolutionnaires conséquents dans notre pays. Ils seront organisés. Ils seront communistes ! Vive le Parti communiste français !