Les communistes de l’Aisne toujours prêts à résister
Des communistes de la section de Saint-Quentin se sont rendus le week-end dernier en voiture à Tours, la ville qui a vu naître la SFIC (la Section française de l’internationale communiste, l’ancêtre du PCF), lors du congrès historique de décembre 1920.
À cause du Covid et des restrictions, l’anniversaire devant un cercle restreint n’a pas été célébré comme les participants l’auraient souhaité.
« On n’a pas eu de salle municipale, le préfet nous l’a refusée. Notre exposition a tout de même été présentée », explique Aurélien Jan, conseiller municipal d’opposition à Saint-Quentin (Aisne) et du voyage en Indre-et-Loire.
Le communiste axonais est même celui qui a réalisé le logo et l’affiche nationale de l’exposition.
Les participants au rassemblement de Tours, une cinquantaine au total venus aussi de l’Isère, du Tarn, de Dordogne, du Var, de la Loire et de région parisienne, ont eu droit au discours d’Emmanuel Dang Tran membre du conseil national.
« Il y a des communistes qui entendent continuer, renforcer le Parti communiste né à Tours en 1920 et sur ces bases ! (…) Le mouvement communiste et le PCF sont très faibles. Nous allons tout faire pour les surmonter avec modestie, lucidité mais avec détermination ».
Drapeau rouge au vent, les communistes ont aussi marché pendant trois heures dans les rues de Tours, devant des badauds « parfois étonnés mais aussi bienveillants et apportant leur soutien ».
Professeur des écoles de 40 ans, syndiqué à la CGT « syndicat minoritaire dans l’enseignement mais en lien avec les entreprises », Aurélien Jan est sur cette même ligne.
« Nos effectifs sont en baisse, parce que nous avons trop reculé sur l’idéologie depuis les années 1980. Mais la lutte des classes existe toujours, une grande majorité se fait exploiter par une extrême minorité.
Des mauvais coups sociaux sont encore à prévoir, il faut résister comme par le passé. Seules les grèves et les luttes sociales ont contraint le patronat à concéder des acquis comme les congés payés et la retraite . »
Prêt à regarder en face l’histoire du communisme « sans nostalgie et sans déni », Aurélien Jan défend « l’idéal communiste, bon, fait de solidarité et d’égalité ».
« Il faut se préparer à lutter contre les attaques sociales, au lieu de se projeter sur les élections qui ne sont qu’un moyen, sûrement pas un objectif, ni une fin en soi », insiste le quadragénaire, en direction de ceux qui s’agitent déjà pour la présidentielle de 2022.
« Le PCF a permis à des gens du peuple comme moi d’organiser leur colère, de faire de la politique loin des salons et des calculs, de résister à l’injustice et à l’exploitation, de rêver à la fin du capitalisme et à la Révolution, de les préparer. Le PCF doit revenir à ses sources de 1920 ! », invoque aussi Corinne Bécourt, 57 ans, secrétaire de la section de Saint-Quentin.
Petite-fille de Daniel Le Meur (lire ci-dessous), ancien député (1973 à 1993) et maire de Saint-Quentin (1977-1983, 1989-1995), Aurélie Le Meur incarne aussi une certaine relève.
Elle est secrétaire de section à Aubervilliers, ancien bastion rouge de Seine-Saint-Denis et membre du conseil national du PCF.
« Ce n’est pas le combat politique entre des personnalités qui m’intéresse mais comment créer les conditions du progrès humain et social pour une vie plus digne pour une majorité », affirme la jeune femme de 30 ans née à Saint-Quentin.
« Nous avons une devise, le PCF c’est 100 ans d’avenir. Notre parti a une belle histoire à défendre, notamment au cœur du Conseil national de la Résistance avec la création de la Sécurité sociale et de la fonction publique ».
« Macron et tous les réactionnaires cherchent à nous ringardiser comme d’autres avant lui, considère Aurélie Le Meur.
Je viens de participer à un Noël solidaire où on a offert des jouets à 200 enfants.
Faire de la politique avec le cœur et les gens, au pied des immeubles, des universités et des entreprises, c’est cela qui compte.
Je m’inspire de mon grand-père de ce qu’il a pu être et pu faire.
À chaque fois qu’il me voit dans l’Huma, il m’appelle ».
Cent ans après, des communistes de toutes générations poursuivent leur combat, toujours persuadés qu’une société plus juste n’est pas une utopie.
Daniel Le Meur, ex-député et maire communiste de Saint-Quentin :
« Célébrer les 100 ans du PCF n’est pas un mince événement, il concerne l’histoire du mouvement ouvrier et son évolution depuis 1920 où les bases du communisme ont été jetées en France.
100 ans d’existence c’est célébrer autant d’années de luttes incessantes pour le progrès social, la paix et la démocratie.
Les communistes ont été de tous ces combats.
Faut-il rappeler le Front Populaire de 1936 et ses formidables avancées sociales.
Faut-il rappeler la résistance à l’occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale où plus de 70 000 communistes y ont laissé leur vie pour redonner à la France son honneur et sa liberté.
Faut-il rappeler en 1945 les ministres communistes à l’origine de la création de la Sécurité sociale ou du statut des fonctionnaires.
Faut-il rappeler l’engagement sans failles du PCF contre les guerres coloniales, celle du Vietnam et d’Algérie entre autres.
C’est l’époque de mon adhésion et de mon engagement au parti.
Faut-il rappeler notre opposition résolue à la constitution de 1958, donnant des pouvoirs absolus à une seule personne.
Faut-il rappeler également l’action inlassable du PC dans les années 70 pour l’union de toute la gauche et la signature d’un programme commun.
Certains se sont éloignés de ces objectifs novateurs et le résultat n’a pas été à la hauteur des espoirs d’une vie meilleure pour les hommes les femmes et les jeunes de notre pays.
Au fil des années la désespérance s’est transformée en désamour de la politique, en méfiance grandissante vis-à-vis des institutions creusant ainsi les sillons menant au populisme d’extrême droite et aux atteintes pernicieuses et meurtrières contre la démocratie, la laïcité dont se délecte l’islamisme radical.
Malgré les épreuves traversées et des résultats électoraux décevants, le PCF reste une grande force bien ancrée dans la conscience collective.
Il continuera, j’en suis convaincu à être de tous les combats pour la réaction à nouveau d’un grand rassemblement des forces progressistes de nature à barrer la route au capitalisme sauvage ; au racisme et à l’antisémitisme, redonner des couleurs à la démocratie, seule garantie de nos libertés, seule perspective pour le progrès, la justice sociale et la paix. »