L'Humanité. Retraite. À dix jours d’une grève massive, l’exécutif joue la division
Alors que la mobilisation du 5 décembre s’annonce très suivie, la rencontre entre le premier ministre, syndicats et patronat reçus à Matignon jusqu’à aujourd’hui tourne au dialogue de sourds. Le gouvernement refuse toute concession.
Tic-tac. À dix jours de la mobilisation sur les retraites, l’exécutif joue ses dernières cartes.
Seul objectif : la division.
Division des salariés pour le président de la République.
Division syndicale pour le premier ministre.
Chacun restant dans son rôle.
Dimanche, le président de la République a ouvert le bal en cherchant à restreindre le mouvement de grève contre sa réforme des retraites à une mobilisation « avant tout (…) des salariés d’entreprise qui relèvent des régimes spéciaux ».
Pour la CGT, la stratégie d’Emmanuel Macron est une pratique d’« ancien monde » qui vise à « stigmatiser des pseudo-privilégiés ».
Le premier ministre reçoit quant à lui depuis hier les syndicats et le patronat afin de « faire un point sur l’ensemble de la réforme » et montrer que « le dialogue social continue ».
Et surtout tenter de diviser le front syndical large, rejoint, depuis jeudi, par la CFE-CGC, la centrale des cadres.
La CGT ne lâchera rien « jusqu’à ce qu’on retire ce mauvais projet »
Le gouvernement cherche notamment à calmer le jeu avec la CFDT.
Pourtant favorable au système de retraites par points, cette dernière a haussé le ton depuis la publication du rapport du Conseil d’orientation des retraites, qui préconise des mesures paramétriques (hausse de la durée de cotisation, recul de l’âge de départ, baisse des pensions…), en attendant la mise en place du système par points.
« S’il y a en décembre ou début janvier un projet de loi qui est déposé avec une mesure paramétrique, la CFDT appellera les salariés à se mobiliser, c’est clair ? » a prévenu son numéro un, Laurent Berger.
Jeudi, la CFDT cheminots a, quant à elle, rejoint l’appel à la grève reconductible à partir du 5 décembre, avec l’aval de sa confédération, après avoir compris que la clause du grand-père n’était plus à l’ordre du jour.
Ce dispositif prévoit que le nouveau régime de retraites universel par points instauré par la réforme ne s’applique qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail à la date de sa mise en place.
À la sortie de son entretien à Matignon, le patron du Medef a joué les deux partitions à la perfection.
« Pour atteindre l’équité, il faut passer par l’équilibre », a ainsi appuyé Geoffroy Roux de Bézieux.
« Cela oblige à une mesure d’équilibre (…), il faut une mesure d’âge. »
Une fois cet élément posé, reprenant cette fois les éléments de langage présidentiels, le patron du Medef a estimé que la mobilisation du 5 décembre « est essentiellement une défense des régimes spéciaux » et que la réforme des retraites « est un problème de la fonction publique, pas du privé », dont « le régime est à l’équilibre ».
D’ailleurs, a-t-il ajouté, « on ne voit pas, pour le moment, de mouvements de grande ampleur dans les entreprises privées ».
Selon la CFTC, « les mesures seront annoncées avant la fin de l’année », a affirmé de son côté son nouveau secrétaire général Cyril Chabanier, sans plus de réponse.
Toutes les confédérations syndicales qui appellent à la mobilisation (CGT, FO, CFE-CGC), reçues par le premier ministre, ont en tout cas montré leur détermination.
Dernière organisation à être reçue, la CGT a de bonnes raisons d’espérer que la mobilisation aille « bien au-delà des régimes spéciaux » et qu’elle dure « jusqu’à ce qu’on retire ce mauvais projet », a ainsi déclaré de son côté le secrétaire général de la centrale, Philippe Martinez.
FO assure de son côté « ne rien lâcher ».
Et les concertations virent comme toujours au dialogue de sourds.
« Ce gouvernement voit toujours à l’économie », regrette Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT.
Or, insiste Gérard Mardiné pour la CFE-CGC, qui sera reçu aujourd’hui en début de matinée, « les dépenses sont maîtrisées, les difficultés du régime sont uniquement liées à un manque de recettes ».
Force ouvrière, reçue hier en fin de journée, a également posé sur le bureau d’Édouard Philippe ses propositions de financement et de réforme, en rappelant « les raisons du désaccord », a expliqué le secrétaire général de la FO, Yves Veyrier, avant sa rencontre.
Et notamment le fait que le « régime universel par points équivaut à une réforme paramétrique permanente ».
Retraite. À dix jours d'une grève massive, l'exécutif joue la division
Alors que la mobilisation du 5 décembre s'annonce très suivie, la rencontre entre le premier ministre, syndicats et patronat reçus à Matignon jusqu'à aujourd'hui tourne au dialogue de sourds. ...
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