RETRAITES - Contre la nouvelle casse des retraites, les agents de la RATP aux avant-postes
De nos camarades de la section de Paris XV.
Les agents de la RATP, tous métiers confondus, ont observé ce 13 septembre une journée de grève très largement suivie, à l’appel de la quasi-totalité des organisations syndicales. Au dépôt d’autobus de Croix-Nivert, elle a atteint 70% (photo de l’interview de nos camarades de la CGT à France 2).
Cette première mobilisation remarquable va beaucoup compter.
Macron, son gouvernement, son « diplomate » revenant Delevoye, savent qu’ils marchent sur des œufs.
Sur la feuille de route que le patronat et le capital leur ont fixée, figure la contre-réforme structurelle des retraites, avec un point central, le passage pour (contre) tous les retraités au système par « points ». C’est ce qui permettra à un futur gouvernement, à « la faveur » d’une crise financière par exemple, d’abaisser brutalement, mécaniquement, d’un seul coup, aux dépens de tous à la fois, le niveau des pensions ; de 1%, de 5%, de 10% voire de 30% comme en Grèce.
Mais le pouvoir est conscient, dans cette période d’exacerbation des colères sociales et de montée des luttes, du risque, pour lui, de voir se coaguler les luttes, pour nous, de les voir converger.
Ce qui fait particulièrement peur au gouvernement, c’est que cette convergence puisse s’effectuer derrière des locomotives, organisées, syndiquées, susceptibles, par leur action et leur expression, de peser réellement sur l’opinion et l’économie du pays.
Santé, éducation, impôts frappés par les coupes budgétaires et la liquidation des missions de service public, EDF, SNCF, RATP qui subissent de plein fouet les politiques de mise en concurrence de l’UE et de privatisation, et d’autres grandes entreprises (ex : Alstom où le scandale d’Etat et la complicité de Macron sont en train d’exploser…) : tous les salariés, encore plus les fonctionnaires et les salariés relevant de régimes dits « spéciaux », sont directement menacés par la nouvelle contre-réforme des retraites. Et les motifs de lutte sont tout prêts à se confondre et à se globaliser.
Macron et Delevoye ont entamé une opération déminage, après avoir reculé sur leur calendrier. Il leur faut éviter un repère de lutte trop symbolique, comme la fin de la retraite à 60 ans en 2010. C’est pour cela qu’il n’est plus directement question de reporter l’âge de droit au départ de 62 à 64 ans, même si une retraite pleine à 62 ans s’annonce encore moins imaginable.
Macron et Delevoye sont prêts à atténuer les effets immédiats de leur contre-réforme sur les prochains retraitables. Pour imposer le système par points, ils annoncent reporter le durcissement d’autres critères. Personne n’est dupe.
Enfin, Macron et Delevoye s’affichent prêts à négocier des compensations avec certaines corporations (professions libérales), des concessions avec d’autres (régimes du public) les plus sensibles et les plus impactées par l’établissement du système par points.
Ils vont jouer sur les syndicats de collaboration, comme d’habitude, mais cela aura des limites. Les organisations des cadres, durement frappés, ne devraient pas se laisser acheter.
Tous ces calculs sont aléatoires pour le pouvoir. Intégrer les primes dans le calcul des pensions des fonctionnaires ? Mais beaucoup n’en ont pas, dont les enseignants, dont Blanquer veut remettre en cause, à cette occasion, tout la conception du métier. Et lâcher un peu ici, faire preuve de frilosité, dans un climat social en plein réchauffement, c’est s’exposer à une poussée des luttes.
Comptez sur nous, communistes, pour y travailler, pour rappeler notre repère, qui a fait ses preuves : le système solidaire, financé par la cotisation sociale, salaire socialisé, avec départ à 60 ans et 37,5 annuités.
Deux données de base unificatrices doivent s’imposer dans l’immédiat.
A l’heure actuelle, les conditions de départ objectives - âge de fin d’activité réelle, intégrant le chômage et niveau de pension à qualification égale - sont quasiment identiques dans le régime général et dans les régimes « spéciaux ». Sur la prise en compte de la pénibilité et les réversions, opposer les situations pour tirer les uns et les autres toujours plus vers le bas, ce n’est bénéfique pour personne, au contraire.
Et, avec la retraite par points, qui prendra en compte toute la carrière comme référence, y compris les plus mauvaises années, tous les futurs retraités sont perdants et lourdement.