Hôtellerie. Victoire pour les femmes de chambre du Hyatt Paris Vendôme
Au bout de 87 jours de grève, ces employées en sous-traitance du palace ont obtenu vendredi un accord historique qui conforte leurs droits et en crée de nouveaux.
Les femmes de chambre reprennent aujourd’hui le chemin du travail, la tête haute. Trois mois de grève tendue ont été nécessaires pour faire plier le palace parisien Hyatt, à quelques pas de la luxueuse place Vendôme. Ce donneur d’ordres sous-traite le ménage à l’entreprise STN Groupe, qui emploie des salariées, la plupart d’origine africaine. Voilà que, fin septembre, un conflit social éclate sur un trottoir du chic 2e arrondissement : avec des sifflets, casseroles et autres tambours, des gouvernantes et femmes de chambre, réclament leur intégration dans les effectifs de l’hôtel cinq étoiles. L’accord conclu vendredi ne remet pas en cause le modèle de la sous-traitance, utilisée pour abaisser les coûts et augmenter la rentabilité de l’entreprise, la direction ayant opposé une fin de non-recevoir. Mais la CGT des hôtels de prestige et économiques (HPE) et l’US CGT (commerce et services) ont renforcé les acquis sociaux et gagné des droits innovants.
« Un véritable pied de nez aux ordonnances Macron »
Pour la première fois, ces salariées en sous-traitance pourront présenter des candidats aux élections professionnelles du donneur d’ordres. Elles ont obtenu «la désignation d’ici fin 2019, de treize délégués de proximité qui les représenteront au sein de l’hôtel», précise Kandi Tiziri, de la CGT-HPE. Il s’agit d’« un véritable pied de nez aux ordonnances Macron. C’est un exemple à suivre pour l’ensemble des salarié·e·s de la sous-traitance en France et un pas vers la reconstitution de la communauté de travail dans les entreprises », ont estimé, par voie de communiqué, les syndicats. Une victoire savoureuse sachant qu’une autre ordonnance interdit désormais aux salariés d’un sous-traitant d’être élus représentants du personnel dans la société où ils sont mis à disposition. Quant aux salariés employés directement par le palace, en grève pour obtenir une hausse de leurs salaires de 3 euros de l’heure, ils ont obtenu l’alignement par le haut de leur grille de rémunération sur de l’hôtel Hyatt Regency Paris-Étoile.
« La lutte paie, se réjouit Kandi Tiziri, les grévistes récoltent les fruits de leur mobilisation exemplaire. » Un droit supplémentaire a été arraché de haute lutte : les acquis sociaux, obtenus par des luttes précédentes, seront inscrits noir sur blanc sur le contrat de travail chez STN Groupe. Par exemple, le treizième mois et la suppression de la clause mobilité gagnés en 2013 seront maintenus même si l’hôtel Hyatt signe un contrat avec un nouveau prestataire. « On n’aura plus à batailler pour préserver notre droit à l’évolution de carrière, le remboursement à 100 % du pass Navigo et les tickets restaurants, ajoute Nora Khalil, déléguée syndicale CGT HPE chez SNT groupe. Le sous-traitant change régulièrement dans ce milieu et chacun met en place sa propre politique économique. Pour remporter le deal, ils sont prêts à toutes les économies sur notre dos. »
« On a subi un acharnement de la part de policiers »
Ce n’est pas tous les jours, également, que des représentants du personnel d’un sous-traitant négocient à la même table que leur donneur d’ordres. Ce dernier a tendance à nier le lien de subordination pour se dédouaner de toute responsabilité. « D’habitude, le dialogue s’installe avec le prestataire. C’est la première fois que les directions du Hyatt ont accepté de négocier avec nous. Il faut dire que c’est eux nos vrais patrons », se satisfait la syndicaliste Nora Khalil, en première ligne sur les conflits sociaux qui ont secoué le palace. « Cette grève a été particulièrement dure. On a subi un acharnement de la part de policiers », estime la syndicaliste. « Une fois, ils sont venus nous déloger du piquet de grève. J’ai reçu des coups sur ma main gauche, les pompiers sont arrivés pour m’évacuer », s’indigne-t-elle. Des employés ont été débauchés pour remplacer les grévistes sur leur lieu de travail. « Tout a été fait pour nous décourager, on a tenu grâce à la solidarité », sourit Kandi Tiziri. Cette victoire pourrait encourager des employés de sous-traitants à rejoindre, à leur tour, l’aventure de la grève.
Hôtellerie. Victoire pour les femmes de chambre du Hyatt Paris Vendôme
Au bout de 87 jours de grève, ces employées en sous-traitance du palace ont obtenu vendredi un accord historique qui conforte leurs droits et en crée de nouveaux.
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