Notre camarade Paul Castel, homme de courage et de conviction, n'est plus
Cheminot et syndiqué CGT aux ateliers de Noisy-le-Sec, il était né dans cette ville le 5 septembre 1920.
Dès l'occupation nazie de la France, il est l'un des artisans des Comités populaires, la CGT clandestine.
Puis il entre dans la clandestinité pour diriger la Résistance à la SNCF en région parisienne.
Il devient ensuite commandant des Francs Tireurs et Partisans Français pour la région R2 (Essonne actuelle, sud des Yvelines et plusieurs cantons de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne).
Il finit sa carrière militaire le 18 novembre 1945, comme engagé volontaire dès le 23 septembre 1944, sous-lieutenant FFL et membre de l'état-major du bataillon 105/22.
Après la guerre, il intègre l'enseignement technique comme professeur.
Il sera secrétaire général du SNETP-CGT, la FERC aujourd'hui, de 1961 à 1979.
Coprésident de l'ANACR des Yvelines, il était également vice-président de Mémoire d'Aincourt, ce premier camp d'internement en zone occupée qu'il contribua à faire connaître.
Au titre de la Résistance, il est chevalier de la Légion d'honneur, Médaille de la Résistance, Médaille de reconnaissance de la nation, Croix du Combattant 1939-1945, Croix du Combattant volontaire de la Résistance.
Un hommage lui sera rendu le jeudi 14 juin 2018, à 15h, au cimetière de Vienne-en-Arties (95).
Le 10 décembre 2014, lorsqu'il recevait enfin la Légion d'honneur à 94 ans, je lui rendis ainsi hommage sur mon blog, en retraçant un épisode de sa vie: son mariage avec Andrée Belland, à Noisy-le-Sec, le 24 août 1940.
La France subit alors l'occupation nazie et la collaboration du gouvernement pétainiste au Reich hitlérien:
(...) En ce 24 août 1940, le maire, désigné par "l'Etat français du maréchal Pétain", va célébrer son premier mariage, celui de Paul et de sa femme Andrée.
Or, les deux jeunes gens, 20 ans tous les deux, appartiennent au Parti communiste reconstitué dans la clandestinité depuis son interdiction en septembre 1939 par le dernier gouvernement de la IIIe République.
Avant la guerre, Paul était le dirigeant de la région Paris-Est des Jeunesses communistes et sa future épouse l'une des dirigeantes de l'Union des jeunes filles de France pour cette même région.
Le président de la délégation spéciale administrant Noisy-le-Sec croit marier un simple ouvrier monteur électricien des ateliers SNCF de Noisy-le-Sec et une petit institutrice.
Or, depuis octobre 1940, Paul est l'un des responsables de la Résistance communiste dans les ateliers SNCF et le responsable de son Comité populaire, la CGT clandestine.
Andrée, elle, déploie une activité clandestine communiste à Noisy-le-Sec.
Et le PCF, avec l'accord absolu des nouveaux mariés, va organiser une action publique de résistance.
Dans la nuit précédant le mariage, les Jeunesses communistes, malgré les risques de déroger au couvre-feu, badigeonnent la place et le perron de la mairie d'inscriptions patriotiques.
Lors de la cérémonie, l'assistance, plusieurs dizaines de personnes, ne se lève pas à l'entrée de l'homme qui accepte d'être le valet des Allemands.
Aujourd'hui, une telle action peut paraître anodine.
Il faut pourtant la replacer dans le contexte de l'époque, sous l'Occupation allemande et la collaboration du gouvernement de Pétain, dans un pays où la Résistance ne fait que débuter et qui croit en un "maréchal sauveur de la France".(...).
La police de Vichy va alors faire les basses besognes de la Gestapo allemande.
Au fil des jours, plusieurs jeunes communistes, femmes ou hommes, sont arrêtés, condamnés à la forteresse ou envoyés dans l'enfer des camps de la mort.
Paul Castel va entrer dans la clandestinité comme dirigeant de la résistance communiste, sa femme Andrée sera agent de liaison des FTPF jusqu'à la Libération.
En décembre 1940, Marc Chevalier, préfet pétainiste de Seine-et-Oise, dans un communiqué, publie le bilan des arrestations de communistes dans ce département.
La résistance communiste subit un sévère coup, mais l'Etat français de Pétain, par cette publication, confirme que le PCF, reconstitué clandestinement, débute son combat pour la libération de la patrie.