Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de pcfmanteslajolie

Institution financière. La Caisse des dépôts enrôlée dans la politique du tout-privatisation

31 Janvier 2018, 07:12am

Publié par pcfmanteslajolie

Une lettre de Bruno Le Maire, dont les syndicats ont obtenu copie, intime l’ordre à la Caisse des dépôts et consignations de se lancer dans la grande braderie des actifs publics, au mépris de son indépendance et de son rôle historique.

«Il n’y a désormais plus aucun doute. L’Élysée et Bercy veulent prendre le contrôle direct de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) », alerte la CGT dans un communiqué. Et le discours des vœux du directeur général, Éric Lombard, prononcé hier devant les agents de la caisse, n’a pas apaisé les inquiétudes.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la CDC est sous l’œil de l’Élysée. Doté d’un bilan de 167 milliards d’euros, ce géant bancaire public, sans aucun actionnaire, qui a des parts dans 921 entreprises dont BPI France, CNP Assurances, Transdev, La Poste ou RTE, mais qui a aussi pour mission de gérer la retraite d’un Français sur cinq et de collecter 60 % de l’épargne réglementée qui sert à financer la construction de logements sociaux, est un précieux instrument. En ces temps de rigueur budgétaire, les bijoux détenus par la CDC constituent une aubaine de financement pour abonder le « fonds pour l’innovation » de dix milliards d’euros présenté la semaine dernière par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. « À terme », a en effet expliqué ce dernier, la dotation du fonds « reposera exclusivement sur les cessions d’actifs et sur des produits de privatisation ». Cela implique de céder – dans un délai relativement contraint – 8,4 milliards d’euros de nouveaux titres.

La Caisse est sous « la surveillance du Parlement », en principe...

Les opérations capitalistiques ne sauraient tarder, vu l’agitation des hauts fonctionnaires et des banquiers d’affaires. Le programme de cession d’actifs publics, destiné à alimenter le fonds promis par Emmanuel Macron, « est désormais sur les rails », reconnaît auprès de l’AFP une source proche du dossier.

Après qu’Emmanuel Macron a déstabilisé les instances de gouvernance de la CDC en tergiversant de longs mois avant de désigner l’ex-PDG de Generali France Éric Lombard au poste de directeur général, laquelle nomination a entraîné la démission du député LREM Gilles Le Gendre de la présidence de la commission de surveillance pour possible conflit d’intérêts avec le nouveau patron de la caisse, le calendrier est parfait pour mettre le plan à exécution. Une lettre de mission a été rédigée en ce sens par Bruno Le Maire, dont les syndicats ont obtenu copie. Une première depuis la création de l’institution en 1816, dont les rôles et missions sont placés sous « la surveillance du Parlement », rappelle le délégué syndical CGT Jean-Philippe Gasparotto. Un Parlement qui, jusqu’ici, reste muet. Un courrier a été envoyé par l’organisation syndicale aux parlementaires, auquel seuls deux ont répondu. Cette indifférence permet à l’exécutif d’avancer.

Dans sa lettre de mission, le ministre insiste pour que la CDC participe au vaste plan de privatisations. Pour Bruno Le Maire, son « intervention doit se concentrer sur les domaines où la nécessité d’une intervention publique pérenne est avérée, notamment par l’existence d’une défaillance de marché ». Après l’injonction, Bercy va même jusqu’à décliner la marche à suivre au directeur général de la CDC : « Dès lors, vous passerez en revue l’ensemble des domaines d’intervention actuels de la CDC, afin de vous assurer que ces interventions (...) s’inscrivent dans les priorités politiques du gouvernement. Cette revue donnera lieu à un rapport (...). Ce rapport proposera également une doctrine d’intervention et d’investissement fondée sur l’additionnalité et la subsidiarité des actions du groupe vis-à-vis de l’intervention des acteurs économiques du secteur privé. » En clair, la CDC est désormais appelée à jouer le rôle de pompier dans les secteurs délaissés par le privé ou en appui de ce dernier, le principe de « subsidiarité » affirmant sans doute possible la primauté de l’investissement privé sur celui de la CDC. « Les participations et interventions ne répondant pas à ces critères devront être réévaluées et faire l’objet d’un désengagement progressif », poursuit la lettre, confirmant qu’un vaste processus de privatisation des actifs de la CDC se prépare.

Face à cette offensive, et à la volonté du gouvernement de modifier la gouvernance de la caisse, les syndicats CGT, CFDT, Unsa, CFE-CGC, Snup CDC ont adressé hier une lettre ouverte en rappelant au ministre de l’Économie que « le directeur général (de la CDC), pour serviteur de l’État qu’il soit, n’est pas au service de l’exécutif ».

Commenter cet article